A la recherche d’une participation démocratique

Délégués de classe ou investis dans une action "citoyenne" au sein de leur école, les jeunes sont-ils bien en train de découvrir et de développer la démocratie ? Rien n'est moins sûr. Ce que chacun-e d'entre nous entend par "participation démocratique" recouvre des réalités fort différentes et parfois diamétralement opposées. Peut-on parler de participation démocratique quand le délégué de classe est chargé de collecter les fonds pour l'excursion, d'escorter un condisciple "délinquant" chez le préfet, de surveiller la classe en l'absence du prof ou d'effacer le tableau ? Peut-on parler de participation démocratique quand quelques délégués d'élèves sont noyés parmi de nombreux adultes, véritables "pros" de la réunion, au sein du Conseil de Participation de leur établissement ? Peut-on parler de participation démocratique quand la direction rêve de voir les élèves animer la vie de leur école, pour la rendre plus attractive dans un contexte de concurrence avec les écoles voisines, sans rien remettre en cause par ailleurs ? Quand la direction tente d'utiliser les délégués pour mettre le grappin sur le(s) coupable(s) de déprédations dans les toilettes ? Quand on présente, à l'occasion de visites au Parlement par exemple, les institutions de l'Etat comme le nec plus ultra insurpassable de la démocratie ?

A boire et à manger

Sous le vocable d'éducation à la citoyenneté, l'on retrouve pêle-mêle des actions et des dispositifs scolaires très divers. Par conséquent, sans doute, le meilleur y côtoie-t-il le pire. Le pire pouvant être pavé de bonnes intentions, d'ailleurs. Mais, si la motivation est déterminante pour mener à bien un projet, ce sont le degré de réflexion critique, les finalités et les moyens mis en oeuvre qui permettent de vraiment progresser vers plus de démocratie. Ces réserves formulées, nous pouvons nous livrer à un tour d'horizon de ce qui se fait dans les écoles.

Violence et formation des enseignants

La section délivrant le «Certificat d'aptitude pédagogique» (C.A.P.) aux candidats porteurs ou non d'un diplôme de l'enseignement supérieur vise à former des enseignants des cours techniques et de pratique professionnelle ou des surveillants-éducateurs. Le curriculum de formation prévoit une unité de formation de 30 périodes, intitulée «Etudes de phénomènes de société et leurs incidences méthodologiques en matière d'éducation» (U.F.3).

Sur la piste des causes de la violence

Tout d'abord, précisons que nous manquons, en Belgique, d'études sérieuses sur le phénomène. D'autre part, la 'violence scolaire' est une notion relative. Ensuite, il faut mentionner que les grandes violences physiques sont rarissimes. La violence s'en tient à un ensemble d'incivilités: propos blessants, bousculades, racisme.[[Bernard Charlot et Jean-claude Emin, op. cit., p. 5.]]

Violence: un phénomène en recrudescence ?

Gardons-nous ici d'alimenter une inutile dramatisation du phénomène, dont la médiatisation fait souvent le jeu de politiques sécuritaires, voire xénophobes, toujours irrationnelles - qui préconisent un ordre plus coercitif, une forme d'autorité fourbie d'un attirail de mesures aux effets éducatifs plus qu'incertains1. Comme le souligne le criminologue Jacques Ganty : «L'école n'est pas le lieu du non-droit qu'un certain réflexe sécuritaire des enseignants ferait croire. Toutes proportions gardées, la délinquance y est en moyenne trois fois moins élevée que dans la cité.»2 Voilà un propos qui bouleverse d'emblée nos préjugés sur la question. Depuis quelques années, les médias se font largement l'écho des faits de violence scolaire, bien que s'intéressant surtout à la violence spectaculaire, celle qui fait monter l'audimat. L'école «flambe» à la une des médias, sous des titres chocs: «L'école victime d'une gangrène», «Le lieu de tous les dangers: racket, viols, tortures, meurtres», etc. L'effet médiatique de ces événements aura cependant eu le mérite d'alarmer une société qui ne soupçonnait pas l'ampleur des problèmes que peuvent rencontrer les écoles et les personnes qui les fréquentent.

Comment tarir les sources de la violence scolaire ?

Depuis quelques années, la violence scolaire fait régulièrement la une de l'actualité. Aux Etats-Unis, toujours à l'avant garde, des classes ont été mitraillées à plusieurs reprises par des jeunes qui avaient «disjoncté». Mais l'Europe est loin d'être à l'abri. En France par exemple, le phénomène a pris une telle ampleur que le Président Chirac s'est senti obligé de l'évoquer lors de son discours devant les parents de l'enseignement public en congrès à St Etienne le 25 mai dernier (1). La Belgique non plus n'est pas épargnée. De nombreux incidents graves ont éclaté ces dernières années: profs agressés ou menacés avec une arme, sans compter la mort du jeune Celal abattu en plein cours par un de ses condisciples.

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