Classes homogènes et classes hétérogènes
Plusieurs personnes, parmi lesquels des professeurs, des parents, des directeurs sont convaincues que la composition des classes vient à déterminer la qualité pédagogique et le niveau atteint par les élèves et par ces mêmes classes.
Ces personnes considèrent d’un côté la composition des classes, examinant le niveau de préparation atteint par les élèves – bons, moins bons – et pensent d’un autre côté au surnombre d’élèves dans les classes. La question qui se pose est : faut-il réduire la composition hétérogène des classes ? Ou doit-on la gérer ?
Aujourd’hui, je me penche sur la première variable : la composition des classes.
Opération antidrogue à Pédagogie Nomade : une perquisition comme les autres ?
L’école secondaire expérimentale Pédagogie Nomade (PN)[[Site internet : www.pedagogienomade.be]] a été le théâtre d’une opération policière en novembre 2009. Une quinzaine de policiers et deux chiens ont perquisitionné l’établissement de Limerlé et plusieurs kots alentour, à la recherche de stupéfiants. Ils étaient accompagnés d’un substitut du procureur du roi et de la préfète de l’Athénée de Vielsalm, auquel PN est administrativement rattachée. Ce qui frappe, c’est la disproportion entre le dispositif déployé par les forces de l’ordre et la taille de l’école (une soixantaine d’élèves). Pour un résultat insignifiant car il est à parier que dans n’importe quelle école secondaire du royaume on trouverait aussi 3 grammes de cannabis et un joint… A noter enfin : l’arrestation – et la condamnation à huit jours avec sursis – de l’enseignant Benoît Toussaint pour avoir “montré le mauvais exemple devant ses élèves, auxquels il devrait précisément inculquer la notion de respect”[[Dans les faits, pour « avoir renversé une tasse de café et dit à un policier d’aller se faire foutre ».]] Nous avons rencontré un de ses collègues de PN, Nicolas Pieret.
Plaidoyer pour un enseignement multilingue
« Il est frappant de constater qu’en Belgique francophone, dans pas moins de 249 écoles bruxelloises et wallonnes, les élèves suivent certaines « matières normales » dans une autre langue que le français. Dans l’immense majorité des cas, cette langue est le néerlandais. (A Bruxelles, cela n’est d’ailleurs pas possible dans une autre langue) ». Dans les pages politiques du « Standaard », on ne lit habituellement que peu d’éléments positifs sur la Belgique francophone, mais le 27 août, on y trouvait un article vantant les mérites de l’enseignement en immersion dans les écoles wallonnes et bruxelloises francophones.
Sept leçons pour une pédagogie de classe
Lorsque vous entendez parler des enfants étrangers dans notre école, on en parle souvent comme s’ils représentaient un problème ou un atout pour «nos» enfants. Un problème, car le rythme et la qualité du travail scolaire seraient rallentis d'une manière très préjudiciable. Un atout car la diversité des origines et des langues permettrait un contexte de travail enrichi et plus stimulant d'un point de vue culturel et social. À la première observation - “avec tant d'étrangers, le niveau et le rythme de travail scolaire sont pénalisés, ceux qui en souffrent sont nos enfants” - nous avons tendance à riposter avec la seconde: “c'est vrai, c’est peut-être difficile, mais nous y gagnons à être ensemble”. On ne donne donc pas une réponse spécifique et dirigée vers les préoccupations des parents. On leur tourne seulement autour, on tergiverse. Mais les parents ne sont pas dupes ... Je travaille dans les écoles. Je rencontre des parents et ils me posent des questions. Ces questions parfois ne regardent pas directement leurs propres enfants. Ils me questionnent aussi sur le classisme sociale de l'école. Ainsi je me sentais dans l’obligation morale (ainsi qu'humaine et professionnelle) de répondre de façon documentée à leurs questions ...
Tribulations d’un prof de maths au royaume des inepties
En ce dernier vendredi d'août 2009, j'ai invité des collègues pour une soirée barbecue. Je veux faire la fête avant une nouvelle année scolaire que j'appréhende. En effet, depuis deux ans les inscriptions ne marchent pas bien dans notre école. Cette fois, sauf miracle auquel personne ne croit, nous allons perdre des classes. Ma charge hebdomadaire va être amputée, au mieux de quatre, au pire de huit heures, et je serai donc réaffecté pour une partie de mon horaire. Après trente ans de carrière, cette perspective ne m'emballe pas car les changements risquent d'être éprouvants.
Evaluation (emprise de l’…)
Le «New Public Management» se révèle dans la finance, dans la santé, dans l'éducation, dans tous les domaines de l'administration publique.
Un des signes de...
Un mauvais bulletin, mais à qui s’adresse-t-il ?
Beaucoup d’enseignants se sont retrouvés un peu déprimés, voire choqués, en lisant dans Le Soir du 21 janvier, l’article consacré au rapport établi par le Service général de l’Inspection au terme de l’année scolaire 2008-2009. Pourtant, ce n’est pas eux qui devraient se sentir visés au premier chef. Car la plupart des points noirs dénoncés par l’inspection ne sont pas le fruit de déficiences de la part des professeurs ou des instituteurs, mais plutôt le résultat inévitable des terribles carences au niveau des programmes, des socles et des compétences terminales sensés guider leur action pédagogique.
La notion de compétences est-elle pertinente en éducation ?
Comme on le sait, depuis deux décennies, la logique des compétences a envahi le champ de la formation. Ce phénomène constitue une nième version des tentatives de renouvellement qui jalonnent l’histoire de l’éducation, et comme toutes les tentatives antérieures, elle pose un ensemble de problèmes que je vais examiner avec vous en quatre étapes.
L’approche par compétences : une mystification pédagogique
« Approche par compétences », « évaluation par compétences », « compétences de base », «compétences transversales », «socles de compétences », « compétences terminales »... Le concept de «compétences» est devenu incontournable dans les écrits sur l’enseignement. Son succès est planétaire. Après les Etats-Unis, le Québec, la Suisse, la France, la Communauté française de Belgique et les Pays-Bas, « l’obsession des compétences » [Boutin et Julien, 2000], cette nouvelle «pensée pédagogique unique» [Tilmant 2005], est désormais en train de conquérir la Flandre. Mais sous le couvert d’un discours parfois généreux et moderniste pourrait bien se cacher une opération de mise au pas de l’enseignement : sa soumission aux besoins d’une économie capitaliste en crise.
A qui profitent les compétences ?
--Dès que l’on gratte un peu le discours romantique de certains pédagogues, l’approche par compétences se dévoile pour ce qu’elle est : une conception de l’éducation entièrement vouée à faire de l’école un instrument docile au service de la rentabilité économique et du profit.