Avons-nous besoin de travailleurs compétents ou de citoyens critiques?
À l'instar de nombreux pays européens, la Communauté française de Belgique s'est engagée dans une profonde révision des programmes à tous les niveaux de l'enseignement obligatoire. L'objectif affiché est de mettre ceux-ci en conformité avec la doctrine dite de «l'approche par les compétences».
La thèse soutenue ici est double. D'une part, cette approche sera incapable de réaliser les promesses émancipatrices dont elle se veut porteuse. D'autre part et surtout, elle participe - sans doute involontairement dans le chef de ses théoriciens- d'un vaste processus d'instrumentalisation de l'École au service d'une économie en quête de dérégulation et de dualisation sociale.
Vol de vautours sur l’école des pauvres
Au nom d'une réorientation des dépenses publiques d'éducation vers l'enseignement de base, la Banque mondiale recommande aux pays du Tiers-Monde de laisser les forces du marché jouer un rôle dominant dans les enseignements secondaire et supérieur. Au-delà des risques manifestes d'augmenter l'inégalité sociale face à l'instruction, l'uniformisation marchande des savoirs et des cultures pourrait bien déboucher sur une véritable catastrophe intellectuelle.
Quatre formes de discrimination ethnique dans l’enseignement
Beaucoup d'études montrent que la sélection scolaire s'effectue, non pas sur base des capacités des enfants, mais sur base de leur origine sociale et ethnique (qui d'ailleurs se recoupent très souvent). Cette inégalité frappe au premier chef les enfants issus de l'immigration. Quels sont éléments qui permettent d'en comprendre l'origine et de la combattre ?
Le faciès prime encore trop souvent
Ce qui est présenté depuis 1993 dans l'enseignement Flamand comme une politique de non-discrimination n'est pas seulement un exemple typique d'approche paternaliste et non démocratique, mais aussi un exemple de désinformation du citoyen. C'est une histoire dont les plus directement concernés, les immigrés et les équipes éducatives, ont été exclus dès le départ. Où celui qui osait émettre une critique était excommunié. Une politique glorifiée avec la régularité d'une horloge jusqu'au moment où une recherche scientifique (cfr le géographe social Chris Kesteloot dans De Morgen du 27/9/2000) l'a réduite en cendres.
Pourquoi faut-il investir dans l’enseignement ?
"Refinancer" l'enseignement ? Sans doute. Mais à quoi bon ? Après tout, la fonction première de l'école n'est pas d'engloutir du budget, mais d'instruire la jeunesse. La réalisation des objectifs éducatifs nécessite-t-elle réellement qu'on y consacre davantage de moyens financiers ? Ne pourrait-on se contenter de mieux utiliser les moyens existants ? Notre conviction est que le refinancement est essentiel pour une et une seule raison: rendre l'école plus démocratique.
Les droits de l’homme et l’école
Le cinquantième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme a été l'occasion de nombreuses initiatives pédagogiques aussi variées que méritoires: publications, leçons de morale, d'histoire, mobilisation parfois coordonnée de toute une école. Je pense à une exemplaire journée des " Sans " (sans papiers, sans travail, sans avenir...) organisée à l'Institut technique et professionnel d'Herbuchène à laquelle j'ai eu le plaisir, avec bien d'autres, de participer. Journée modèle par l'implication des enseignants et des élèves, sensibilisés par diverses activités (création d'une pièce, café-citoyen...) aux injustices de notre société.
De la massification à l’employabilité
Pour l'observateur privilégié qu'est l'enseignant, la politique éducative des vingt dernières années semble n'être qu'une interminable succession de mesures d'austérité. De fait, la quête de rationalisation fut bien l'une des orientations directrices de cette période. Mais à mesure que la crise économique prit clairement les allures d'une crise profonde, durable et mondiale, alors que s'améliorait un peu la situation financière de l'Etat belge, la politique d'austérité se mit à poursuivre d'autres objectifs que les seules économies budgétaires.
A propos des discriminations positives…
En décembre dernier, la presse a fait grand cas du projet de Laurette Onkelinx d'injecter des moyens supplémentaires dans les écoles dites «difficiles». Que faut-il en penser ?
Inégaux devant l’école
Au moment où l'échec scolaire est régulièrement invoqué pour justifier une sélection plus stricte à l'entrée des filières et des niveaux d'études, il n'est pas inutile de rappeler que la réussite scolaire et l'orientation des élèves sont déterminés par leur origine sociale, bien plus que par de prétendues «capacités».