Le QI a-t-il régressé en Occident ? Et si oui, pourquoi ?

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Le QI a-t-il régressé dans le monde occidental ? C’est en tout cas la thèse que défendent certains chercheurs, et que d’autres contestent. Une chose parait certaine en tout cas, la progression rapide du QI moyen de nos populations à travers les décennies n’est plus de mise. Mais à quoi peut-on attribuer ce ralentissement, cette stagnation ou cette régression ?

Par Romuald Fiordaliso

Le quotient intellectuel (QI) est un indicateur chiffré mis au point à la fin du XIXe siècle pour mesurer l’intelligence d’un individu. Comme tout indicateur, le QI doit évidemment être manipulé avec précaution, d’une part parce qu’il serait présomptueux de penser qu’un test puisse quantifier « exactement » l’intelligence dans toutes ses dimensions, d’autre part parce que délimiter les parts de l’acquis et de l’inné dans le QI demeure sujet à caution. Certains États se sont d’ailleurs fondés sur cette dernière ambiguïté pour justifier leurs politiques racistes.

Néanmoins, tout au long du XXe siècle, le QI mesuré dans les pays développés n’a fait que croître en moyenne. Ce phénomène, baptisé « effet Flynn », infirme donc l’hypothèse d’une intelligence purement innée défendue par les conservateurs et confirme, si besoin, les bienfaits de la massification de l’enseignement et le bénéfice qu’apporterait à notre société une véritable démocratisation scolaire.

Mais récemment plusieurs études ont alerté sur une possible baisse du QI survenue dans les pays occidentaux depuis les années ’90. En Norvège une étude sur des conscrits a ainsi mesuré un écart de 3,8 points entre 1998 et 2008 (Dutton & Lynn, 2015)  D’abord controversée, sa crédibilité a ensuite été renforcée par des résultats similaires en Suède, en Finlande, aux Pays-Bas, en Grande-Bretagne et en Australie. Il n’y a toutefois pas de consensus scientifique sur la régression du QI dans les pays occidentaux durant ces dernières décennies ; certaines recherches de grande ampleur (Ramus, 2023) identifient plutôt une stagnation voire une très légère progression du QI moyen, mais à un rythme beaucoup plus lent qu’auparavant, peut-être parce que celui-ci se heurterait désormais à un plafond.

Si certains chercheurs envisagent des causes génétiques à cette régression du QI ou à ce ralentissement de l’effet Flynn, d’autres avancent au contraire des causes environnementales comme « le dérèglement du système éducatif, le recul du livre, l’omniprésence des écrans, la crise de l’Etat-Providence et la souffrance des dispositifs de santé publique » (Herzberg, 2018).

Or une analyse plus récente tend à écarter toute influence génétique majeure (Brastberg & Rogeberg, 2018). Ne reste donc que l’hypothèse du facteur environnemental, ce qui convergerait avec l’analyse que porte l’Aped sur le déclin éducatif (Hirtt, 2022; Mottint, 2024), imputable notamment aux politiques néolibérales qui ont été menées ces trente dernières années…

Romuald Fiordaliso

Références :

Brastberg, B. & Rogeberg, O. (2018). Flynn effect and its reversal are both environmentally caused. En ligne sur le site de PNAS : https://doi.org/10.1073/pnas.1718793115

Dutton, E. & Lynn, R. (2015). A negative Flynn effect in France, 1999 to 2008–9. Intelligence, 51, 67-70.

Herzberg, N. (2018, 11 juin). Chute de l’intelligence : la piste environnementale relancée. En ligne sur le site du journal Le Monde : https://www.lemonde.fr/sciences/article/2018/06/11/chute-de-l-intelligence-la-piste-environnementale-relancee_5313110_1650684.html

Hirtt, N. (2022). Le capitalisme fait-il monter le niveau ? L’Ecole démocratique, n°92, 18-21.

Mottint, O. (2024). Baisse du niveau… Comment en est-on arrivé là ? L’Ecole démocratique, n°99, 13-22.

Ramus, F. (2023). Demain, tous crétins ?  En ligne sur le blog Ramus Méninge : https://ramus-meninges.fr/2023/05/07/demain-tous-cretins-edition-2023/

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