Soyons francs : dès qu’il fût connu que le MR et les Engagés étaient en lice pour former un gouvernement francophone, il semblait clair que la démocratisation de l’enseignement ne serait pas une priorité. En découvrant leur Déclaration de Politique Communautaire (DPC), le moins qu’on puisse dire est que cela se confirme !
La lettre de l’Ecole démocratique, novembre 2024
Sans viser l’impossible exhaustivité dans ce cadre (voir notre analyse complète de la DPC pour davantage d’infos), on peut dire que les attaques portent sur le statut et la charge des enseignants d’une part, sur le renforcement des inégalités d’autre part. Aujourd’hui, nous nous concentrerons sur le premier point.
En plus d’être profondément inégalitaire, notre enseignement se caractérise par une pénurie de profs qui ne fait que s’accentuer d’année en année. Le bon sens voudrait que ceux-ci soient choyés et que des mesures soient prises pour rendre le métier plus attractif. Et que propose le nouveau gouvernement ?
- Suppression de la garantie d’emploi via la nomination pour les nouveaux profs et ceux qui ne sont pas déjà nommés;
- Alourdissement de la charge de l’ordre de deux heures hebdomadaires;
- Différences de charge de travail entre les enseignants de disciplines différentes (vous avez dit « diviser pour mieux régner » ?)
- Découragement (!) à obtenir un master pour passer au barème 501. C’est déjà fait ? Ou vous y tenez absolument et vous vous lancerez quand même dans cette courageuse démarche qui vous fera étudier tout en travaillant ? Eh bien, pour vous récompenser, on vous demandera d’effectuer des tâches supplémentaires pour justifier votre surplus de rémunération !
- Pour les futurs enseignants dont la formation vient de passer de trois à quatre ans, la 4ème année sera quasi exclusivement consacrée aux stages. Exit donc la meilleure connaissance du système éducatif et le renforcement des formations dans la matière. Mais attention, on envisage la possibilité « pour les étudiants de dernière année de se voir confier des activités d’enseignement dans le cadre de leurs stages ». Main-d’oeuvre (quasi) gratuite donc …
Et voilà comment la nouvelle majorité crée un repoussoir en évoquant cyniquement « une
meilleure attractivité ». On essaie même de nous vendre la suppression des nominations au nom de la stabilisation des jeunes profs qui recevraient un CDI. Mais ceux qui connaissent la vie d’une école savent qu’il est impossible de prévoir une stabilité au-delà d’une année scolaire. Les CDI seront donc des CDD ! Et si on veut vraiment stabiliser les jeunes profs, il existe une solution : les engager dans des pools de remplacement pour leur garantir un salaire et pas de démarche pendant une année complète. Et vous savez quoi ? Ces pools existent déjà dans le fondamental à Bruxelles et au Sud-Hainaut. Il suffit de les généraliser géographiquement et de les étendre au secondaire !