« Educide » à Gaza

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Depuis octobre, Israël bombarde la bande de Gaza. Non seulement les infrastructures mais aussi les habitations privées, les hôpitaux et les écoles. Israël a aussi détruit presque toutes les universités de Gaza et tué 4327 étudiants et 231 enseignants et administrateurs. Des professeurs parfois de renommée internationale, comme le poète et professeur de littérature, Refaat Alareer, tué le 7 décembre.

Selon l’association de défense des droits de l’homme Euro-Med Human Rights Monitores, les forces israéliennes ont délibérément ciblé des personnalités universitaires, scientifiques et intellectuelles de la bande de Gaza.

« Educide » à Gaza

Dans une lettre ouverte au gouvernement britannique, la British Society for Middle Eastern Studies (BRISMES) a dénoncé le « ciblage systématique » des universités, des écoles, des laboratoires et des bibliothèques comme « faisant partie d’une stratégie génocidaire visant à détruire en tout ou en partie le territoire palestinien ». L’ampleur des décès d’étudiants et de personnels éducatifs dans la région est sans précédent. Neve Gordon, vice-président de la BRISMES et professeur de droit international et de droits de l’homme à l’Université Queen Mary, a qualifié la destruction du système éducatif de Gaza d’« éducide ».

La plupart des universités de Gaza sont complètement ou partiellement détruites. L’Université islamique et le Collège universitaire des sciences appliquées ont été bombardés les 11 et 19 octobre. L’Université Al Azhar, la deuxième plus grande de Gaza, a été prise pour cible le 4 novembre, suivie par la destruction totale de celle d’Al Quds le 15 novembre.

Le 17 janvier, des vidéos de la démolition contrôlée de l’université Al-Israa, la dernière grande université de la bande de Gaza, ont été publiées sur les réseaux sociaux. Le bâtiment avait auparavant été occupé et utilisé par les forces israéliennes qui y avaient pillé 3 000 objets rares avant sa destruction, selon la BRISMES.

Israël veut créer un environnement… qui forcera les universitaires, les intellectuels et les étudiants à quitter Gaza. « L’intention est de rendre la vie invivable à Gaza. L’éducation en fait partie intégrante », a déclaré Samia al-Botmeh, professeur adjoint d’économie à l’université de Birzeit.

Le ciblage par Israël des institutions universitaires palestiniennes n’a rien de nouveau. Depuis 17 ans, le siège de Gaza a paralysé ses universités en imposant des restrictions aux déplacements. Les étudiants de Gaza ont eu du mal à voyager à l’étranger pour poursuivre leurs études, tandis que les universitaires internationaux ne pouvaient pas se rendre à Gaza.

En territoires occupés aussi…

Les restrictions de mouvement frappent également les étudiants palestiniens dans les territoires occupés. Le 8 novembre, des soldats israéliens ont pris d’assaut l’université de Birzeit en Cisjordanie et abattu un jeune Palestinien. Le 15 janvier, neuf étudiants de l’Université nationale An-Najah de Naplouse ont été arrêtés en raison de leur soutien présumé au Hamas. Même avant le 7 octobre, les raids militaires visant les bibliothèques, les syndicats étudiants et les laboratoires sur les campus de Cisjordanie étaient monnaie courante.

Ce qui a été perdu, ce n’est pas seulement l’infrastructure physique, mais aussi une partie de l’infrastructure intellectuelle. Il ne s’agit pas seulement de bâtiments, de pierres et de blocs de béton. Il s’agit d’êtres humains.

Le système éducatif de Gaza sera long à reconstruire.

Source : Katherine Hearst, Defend Democracy Press 

Traduction par Michèle Janss