Les dépenses de marketing des écoles relèvent du tabou. Peu d’établissements se montrent volontiers transparents à ce sujet. On dispose cependant de quelques indications pour évaluer ce que coûtent les folders, les courriers, les encarts et autres publireportages dans la presse, les journées portes ouvertes, les sites web, les affiches, les passages en radio…
Cet article a été initialement publié dans L’École démocratique, n°89, mars 2022 (p.4).
Une enquête de la CSC
En 2014, la CSC-Enseignement publiait les résultats d’un coup de sonde mené auprès de ses délégués. Ainsi, une trentaine d’écoles de différentes tailles et des différents réseaux avaient-elles été auscultées. On s’en doutait un peu, l’objectif des campagnes publicitaires est bien d’attirer les élèves. Pour ce faire, les écoles la jouent plutôt à « chacun pour soi », la plupart des initiatives vantant en effet un seul établissement, même si l’on rencontre quelques campagnes groupées (souvent des écoles d’un même PO, toujours d’un même réseau). Au niveau du contenu, le syndicat notait le manque de concertation : pouvoirs organisateurs et directions préfèrent définir tout seuls les arguments de vente. Les budgets alloués s’élevaient en moyenne à 10 euros par élève, avec des écarts considérables entre établissements, évidemment. Ce montant, reporté à l’époque à l’ensemble de la population scolaire en FWB, représentait 10 millions d’euros, soit 1,5 % de la subvention annuelle.
Des chiffres en deçà de la réalité
Huit ans plus tard, inflation aidant, nous pouvons faire l’hypothèse d’une hausse de ces montants. De même, il est plus que vraisemblable que des dépenses publicitaires se cachent dans d’autres postes budgétaires, comme les photocopies, certains projets pédagogiques à dimension publique – pièce de théâtre, jogging … -, les budgets de périodiques communaux et provinciaux, etc.
En 2019, une Ville comme Liège consacrait 180.000 euros à la publicité de son réseau d’écoles. En regard du nombre d’élèves qui les fréquentent, on se situe bien aux alentours des 10 euros par élève. Rien de démesuré, donc. N’empêche, avec 180.000 euros, on pourrait en faire, des choses plus intéressantes pédagogiquement et socialement parlant, non ?
Il y a les budgets alloués… et le montant incalculable des heures de bénévolat des membres du personnel
Faites le test en pensant à votre propre école. Combien de collègues consacrent quel temps de travail à la communication, à la valorisation de l’image de l’établissement, de mille et une manières : reportages sur les excursions et autres voyages, prestations lors de soirées « d’information » et autres journées portes ouvertes, stands tenus dans des « salons de l’enseignement », etc. ? Quelle somme pèseraient ces prestations professionnelles si elles n’étaient « bénévoles », soutenues par le chantage à l’emploi.
Toute cette énergie dépensée ne servirait-elle pas mieux les enfants si elle était concentrée sur les missions d’éducation ? Pour nous, poser la question est déjà y répondre.