Rouvrir les écoles en mai ?

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Annoncée par Emmanuel Macron, la réouverture « progressive » des établissements scolaires, à l’exclusion du supérieur, est souhaitée par tous. Mais pas question de transiger sur les conditions. C’est ce qui ressort des réactions syndicales recueillies par L’Humanité, ce 15 avril. En Belgique, la question se posera à peu de choses près dans les mêmes termes.

Ce sont les écoles maternelles et primaires, les collèges et les lycées qui sont concernés. Les établissements d’enseignement supérieur, eux, ne reprendront pas avant septembre.

La première préoccupation est d’ordre sanitaire

Pour Sophie Venetitay, secrétaire nationale du Snes-FSU (principal syndicat du secondaire), les modalités de cette reprise, annoncée « progressive », restent entièrement à définir : « Est-ce que ça signifie un étagement par région, par tranche d’âge – par exemple en commençant par le lycée, puis le collège, puis les plus petits ? Ou progressivement par établissement, en commençant par les secondes, puis les premières, etc. ? On n’en sait rien. » De premières clarifications étaient attendues après la journée de mardi, où les organisations syndicales devaient commencer à être reçues au ministère.
Pour tous les acteurs, la première préoccupation est d’ordre sanitaire. « Nous sommes pour reprendre l’école dès que possible, observe Rodrigo Arenas, coprésident de la FCPE, mais pas si cela met en jeu la santé des enfants et de tous les personnels, pas si les gestes barrières ne peuvent pas être respectés. » Cosecrétaire du Snuipp-FSU (primaire) en Seine-Saint-Denis, Marie-Hélène Plard se montre elle aussi sceptique : « Pour les petits, certains vont avoir besoin d’être câlinés, d’autres à l’inverse vont être très excités de retrouver les copains… Respecter la distanciation, c’est mission impossible. » Volontaire pour l’accueil des enfants de soignants, elle fait remarquer que « déjà nous n’avions pas le matériel nécessaire ». Même un accueil en petits groupes – voire en tout petits groupes pour les plus petits, précisait Jean-Michel Blanquer, mardi matin – ne paraît pas permettre de garantir la sécurité.
Sophie Venetitay pose comme condition préalable à la reprise de « tester tous les élèves et les personnels ». Francette Popineau, porte-parole du Snuipp, souligne la contradiction qu’il y a « à dire qu’on laisse les restaurants fermés mais qu’on rouvre les cantines » et se montre catégorique : « On ne transigera pas : il nous faut la garantie scientifique que l’école peut reprendre sans risques, et non parce que l’économie ne peut plus attendre. » Rodrigo Arenas va plus loin : « Il ne s’agit pas de répondre aux injonctions du Medef. Si les conditions ne sont pas réunies, il ne faudra pas tenter de piéger les parents en leur disant que, de toute façon, ils doivent reprendre le travail et que, comme ils n’ont pas de mode de garde, ils ne doivent pas être trop exigeants sur l’école… »

La fin du confinement, pas des inégalités
À entendre Emmanuel Macron, c’est la prise de conscience des inégalités qui justifie son empressement : « Trop d’enfants, a-t-il souligné lundi soir , notamment dans les quartiers populaires ou dans nos campagnes, sont privés d’école sans avoir accès au numérique et ne peuvent être aidés de la même manière par les parents. » « La fin du confinement ne réglera pas les inégalités », lui répond Francette Popineau. « Enfants et enseignants ont envie de reprendre, et les enfants en ont besoin. Mais on ne rattrapera pas le retard qui a été pris. On va se retrouver, consolider les acquis… et espérer qu’on pourra aménager l’année 2020-2021 pour tenir compte du retard. » « Le confinement a creusé les inégalités, ajoute Sophie Venetitay, et il faudra faire le point sur cela. Mais l’important, c’est de reconstruire le lien avec l’école. » Quant à Rodrigo Arenas , il juge qu’on « ne rattrapera pas en un mois des inégalités qui existent depuis des années et que l’école ne parvient pas à résoudre, voire fabrique ! » Bref, plus que la date, ce sont les modalités du déconfinement scolaire qui le rendront possible et, surtout, acceptable… ou non.