Dimanche prochain, nous fêterons le 1er mai, signe que nos vacances estivales s’annoncent à grandes foulées… la semaine de cinq jours et les congés payés nous offrent des projets de week-end à vivre, des journées de juillet et d’août à savourer…
Heureusement, nous sommes encore un nombre, non négligeable, dans notre pays, à pouvoir envisager et partager ces moments si agréables. Toutefois, pour une minorité de moins en moins négligeable, week-end et vacances relèvent de l’imaginaire.
Du printemps à l’été : pour tous ?
Dimanche prochain, nous fêterons le 1er mai, signe que nos vacances estivales s’annoncent à grandes foulées… la semaine de cinq jours et les congés payés nous offrent des projets de week-end à vivre, des journées de juillet et d’août à savourer…
Heureusement, nous sommes encore un nombre, non négligeable, dans notre pays, à pouvoir envisager et partager ces moments si agréables. Toutefois, pour une minorité de moins en moins négligeable, week-end et vacances relèvent de l’imaginaire.
Quelques illustrations :
- Un enfant sur quatre nait dans la précarité en Communauté française de Belgique.
- Un enfant sur trois nait dans la précarité à Bruxelles.
- L’été dernier, seul 1 Français sur 2 est parti en vacances…
Et que dire des peuples grec, espagnol, portugais, irlandais… qui détiennent l’injuste et funeste privilège de nous précéder sur les chemins du « retour vers la misère » ?
L’histoire de la proie et du prédateur
N’en déplaise aux « campeurs » des médias dominants et à leur soldatesque, les progrès démocratiques de notre société sont bien loin d’être la conséquence des vertus démocratiques du libre marché capitaliste. Un regard critique sur notre histoire sociale permet de rétablir les processus sociaux du point de vue des lapins (très majoritaires) et non selon la lecture dominante des habituels chasseurs (très minoritaires). En effet, la pédagogie sociale, l’analyse matérialiste et dialectique nous montrent que les avancées démocratiques, économiques et sociales émanent de la désaliénation intellectuelle, couplée aux luttes sociales, solidaires et structurées. Clairement, c’est sur fond de sueur, de larmes, d’émancipation théorique et pratique que certaines revendications sociales sont devenues des droits et des acquis sociaux.
L’offensive du capitalisme
Aujourd’hui, c’est un capitalisme financier, néo-libéral et mondialisé qui, sans complexe, accélère ses déclinaisons planifiées de la régression sociale. L’attaque aux conquêtes sociales, si âprement acquises, est sans précédent tout comme est historique la concentration des richesses dans les mains du grand Capital et de la haute finance.
Illustrations :
- 62 personnes sont aussi riches que la moitié la plus pauvre de l’humanité.
- Estimation de l’argent présent dans les paradis fiscaux : 7 600 milliards de dollars, montant volontairement sous-estimée. (Parmi les 201 plus grandes entreprises mondiales, 188 sont présentes dans les paradis fiscaux.)
Lutte des mots, lutte des classes
Derrière les expressions : mondialisation, compétitivité, croissance, classes sociales, réalisme politique, rigueur, austérité, équilibre budgétaire…, ce sont des drames sociaux et humains qui se multiplient à l’envi, ce sont des conquêtes démocratiques et sociales qu’on mutile sévèrement, ce sont les idées et pratiques d’extrême-droite politique et/ou religieuse qu’on encourage, ce sont enfin les équilibres de « mère nature » qu’on déstabilise si dangereusement…
Pour protéger leurs intérêts politiques, économiques et sociaux, les pouvoirs économiques et politiques disposent de la subtile violence de l’arme idéologique, notamment par l’instrumentalisation du champ médiatico-politique et du système scolaire-éducatif. Cependant, face à la menace de riposte populaire qui, suite au crescendo des agressions sociales risquerait de s’enflammer, la subtile violence idéologique pourrait bien ne pas suffire à protéger les acteurs et laudateurs de l’organisation sociale établie. Pour anesthésier les peuples, la désinformation, le politiquement correct de la communication, l’aliénation politico-philosophique devront bientôt s’adjoindre les services du durcissement de la répression sociale accompagné du « détricotage » croissant des conquêtes sociales.
Le droit de grève menacé
C’est dans ce contexte que nous devons interpréter et réagir au discrédit éthique porté sur l’action syndicale par le biais par exemple des répressions juridiques et financières qui affectent les militants syndicaux combatifs. En fait, ces jugements antisyndicaux préparent la remise en question d’une dimension fondamentale de la démocratie sociale, en l’occurrence « le droit de grève ». Naturellement, il serait bien impopulaire et téméraire pour nos autorités politico-financières d’abolir le droit de grève. Plus finement, il s’agit d’assurer la pérennité juridique de cette conquête sociale tout en paralysant son exercice réel en vidant ce droit fondamental de sa substance.
Si les astreintes administratives, les pressions patronales, le service minimum, la prétendue inefficacité des grèves et leur dévalorisation morale se révèlent des mesures encore tendres, alors c’est le concept de l’interdiction de la grève politique que les pouvoirs dominants tenteront de légaliser. Pour le monde capitaliste et financier ainsi que pour certains partis politiques acquis au néo-libéralisme, l’exemple à suivre est l’Angleterre de madame Thatcher du début des années 1980 (légalisation de l’interdiction de la grève politique).
Déjà à l’heure actuelle, des parlementaires ont rédigé des projets de loi afin d’entraver très sensiblement le droit de grève. Selon la NVA, épigone de Thatcher sur le plan économique et social, c’est tout simplement la grève politique qu’il conviendrait d’interdire.
Démocratie en péril
Amputer l’action syndicale de l’outil citoyen de la grève, c’est tout simplement réduire au silence un pilier de la démocratie politique et sociale. Unir nos réflexions et luttes pour soutenir les conquêtes sociales menacées (dont le droit de grève est un acte citoyen urgent et indispensable).
D’aujourd’hui à hier : retour aux sources du 1er mai
1884 aux Etats-Unis
Lors du IVème congrès de « l’American Federation of labor », les principaux syndicats ouvriers américains s’étaient donné deux ans pour imposer aux patrons la journée de huit heures.
Le 1er mai ?
Les syndicalistes avaient choisi le 1er mai, vu que beaucoup d’entreprises américaines entamaient ce jour-là leur année comptable.
Chicago 1886 : le sang coule
Le premier mai 1886, un grand nombre d’ouvriers avait déjà conquis la journée des huit heures. Toutefois, pour d’autres travailleurs, la grève s’imposait encore afin de conquérir également cette diminution légale du temps de travail en l’inscrivant dans la législation sociale. Le 3 mai 1886, une manifestation faisait trois morts parmi les ouvriers-ouvrières-grévistes. Le lendemain, une marche de protestation se déroulait à Chicago. Alors que le cortège se dispersait pacifiquement (il ne restait plus que +/- 200 manifestants), une bombe explosait faisant une quinzaine de morts parmi la police.
Manipulation et justice sociale
Suite à une enquête bien trop rapide et essentiellement à charge, trois syndicalistes subissaient des peines de prison à perpétuité et cinq autres grévistes étaient pendus le 11 novembre 1886 malgré l’indigence des preuves. A ce sujet, notons qu’ils seront réhabilités plusieurs années après leur inique et tragique disparition.
Augustin Spies
De nos jours encore, il est possible, sur une stèle du cimetière de Waldheim de Chicago, de lire et méditer sur les dernières paroles de l’un des condamnés, nommé Augustin Spies : « Le jour viendra où notre silence sera plus puissant que les voix que vous étranglez aujourd’hui. »
Plus près de chez nous
Trois ans après le drame de Chicago, la IIème Internationale socialiste se réunissait à Paris pour commémorer le premier centenaire de la Révolution française de 1789. Les congressistes se donnaient comme objectif la journée de 8 heures (semaine de 48 heures). Dès le 1er mai 1890, des ouvriers partaient en grève et défilaient avec un triangle rouge à la boutonnière pour souligner le partage en trois temps de la journée :
- 8 heures pour travailler,
- 8 heures pour les loisirs,
- 8 heures pour se reposer.
Marie Blondeau, martyr de Fourmies
Au premier jour de mai 1891, à Fourmies (Nord de la France), la troupe, équipée de nouveaux fusils, tirait à bout portant sur la foule pacifique des ouvriers-ouvrières. La fusillade fit dix morts dont huit de moins de 21 ans. L’une de ces victimes, Marie Blondeau, qui marchait habillée de blanc avec des bras couverts d’aubépine, devint le symbole de cette funeste journée. Suite à ce bain de sang de la domination capitaliste, le 1er mai prenait toute sa dimension sociale internationale en s’enracinant dans la tradition des luttes ouvrières européennes.
1919 l’horizon s’éclaircit
Le 28 juin 1919, le traité de paix de Versailles adoptait la journée de 8 heures comme but à atteindre partout où elle n’était pas encore en vigueur. Dès lors, le 1er mai devenait l’occasion de revendications sociales plus larges et diverses. En 1920, la Russie soviétique, sous la conduite de Lénine, décidait d’en faire une journée chômée. Un peu plus tard, les manifestations du 1er mai 1936 assuraient la victoire du Front populaire français de Léon Blum avec son cortège d’avancées sociales majeures dont les premiers congés payés (8 jours) de l’histoire sociale ouvrière.
La récupération de l’extrême-droite
Pour se rallier le monde du travail, l’Allemagne nazie conférait, dès 1933, le statut de journée chômée et payée au 1er mai. En 1941, la France pétainiste, sous occupation nazie, désignait officiellement le 1er mai comme « fête du travail et de la concorde sociale ».
P.S : la petite histoire du muguet
1890
Les manifestants du 1er mai arboraient le triangle rouge afin de symboliser les trois moments de la journée TRAVAIL – SOMMEIL – LOISIRS. Quelques années plus tard, la fleur d’églantine supplantait le triangle rouge.
1907
Première apparition du muguet avec un ruban rouge qui signifiait le printemps en Ile-de-France.