J’ai regardé attentivement les questions reprises dans « Le Soir », qui fait un mix d’épreuves en histoire d’années différentes en sélectionnant certaines questions posées dans le cadre du CEB.
Ma première remarque concerne les références des documents utilisés: elles sont tout simplement absentes.
La formation des instituteurs-trices vise à plus de rigueur que ce qui est présenté au CEB. Les futurs enseignants, au cours de leurs études, enquêtent à partir de traces du passé et font un véritable travail de recherche.
ICI, je constate que les exercices proposés ne concernent pratiquement pas les compétences à exercer en histoire mais relèvent principalement de « savoir lire » et « grandeurs ». Les épreuves proposées visent surtout à être corrigées facilement et vite.
Question 1: C’est un « savoir lire » d’un texte informatif ( le portfolio 1-2 est très tendancieux et mal écrit de surcroit). L’illustration publiée dans « Le Soir » est différente de celle du CEB (pour une question de droits d’auteur ?) et ici il s’agit d’un chromo sans aucun intérêt. L’illustration ne fait l’objet d’aucune exploitation.
Question 2: « Utiliser des repères de temps » revient très souvent .
Le problème, c’est que au CEB, dans les consignes on explique que les dates de début et de fin des périodes historiques ne sont pas unanimement partagées. A quoi servent donc les programmes dans ce cas ?
En fait beaucoup d’écoles utilisent le manuel « Gai savoir » qui a inventé sa propre ligne du temps avec des découpages très « personnels ». Ainsi, les auteurs ont décidé que le moyen âge se terminait en 1350 et que la fin de la préhistoire était à situer en 500 avant notre ère !
Question 3 : La nature de la trace : ce concept n’est pas suffisamment explicite, par exemple pour un courriel.
Que fait-on, par ailleurs, avec l’élève qui répond pour tous les documents qu’il s’agit d’une photo ? Il a pourtant raison…
Question 4 : La presse de Gutenberg (milieu du 15ème siècle) est placée dans les Temps modernes, ce qui est très discutable (cf remarque question 2). Des institutrices rencontrées lors de formations m’ont assuré qu’elles savaient qu’elles apprenaient des erreurs aux enfants mais le faisaient pour ne pas perdre de points au CEB car la question avec l’imprimerie revenait chaque année !
Question 5 : Il s’agit d’une lecture de commentaires et pas d’analyse de la trace du passé ou supposée telle vu que les documents proposés n’ont aucune référence. La formulation de la question est inappropriée et il s’agit, en outre, de langage oral (absence d’inversion).
Question 6 : C’est une compétence exercée en lecture car il s’agit d’une description. Aucune analyse de la photo n’est demandée.
Question 7 : La question est sans intérêt selon moi. Elle se base en outre sur un type d’histoire (les grands personnages et l’impact qu’ils auraient eu sur l’histoire) très contestable.
Question 8 : Analyse de traces du passé mais la question est très mal formulée, ambiguë.Elle relève d’un « piège » et d’une compétence en français. Le mot « Personne » peut porter à confusion.
Bien qu’historienne universitaire, professeure en Haute Ecole et enseignant aux futurs instituteurs et enseignants d’histoire, j’ai raté le test, ma fille, professeure de français, également.
En conclusion : Ces questions ne correspondent pas à ce qui est sensé être travaillé en histoire dans les classes de 6ème primaire.
Les manuels scolaires et les fichiers d’exercices pour le primaire « La vie des hommes et des femmes … » (par Nicole Daron, Danielle Leclercq et Chantal Stouffs, dans la collection « Eveil et moi » chez Averbode) sont – eux- tout à fait intéressants et exercent réellement les compétences en histoire à partir de traces du passé.
C’est dommage que l’image du cours d’histoire donnée dans la presse aux parents, vu la légèreté des épreuves du CEB, dévalorise les pratiques des enseignants consciencieux. Ces épreuves montrent un niveau d’aptitudes plus que problématique à mes yeux et qui sont bien loin de la construction de l’esprit critique.
N.B.: Le test de 2012 ne valait pas mieux
Le plan de Tournai était faux: l’embarcadère ne se trouve pas là, il est derrière le pont des trous, quai des vicinaux qui ne figure pas sur la carte !
Il était dit qu’actuellement, le beffroi abrite le centre d’information touristique de la ville. Ce qui est faux.
« En sortant de la gare, traverser le boulevard des Nerviens : vous êtes dans la rue Royale ». Faux, la rue Royale commence après la place Crombez .
La carte qui était utilisée date de 1588 et pas du 17ème siècle comme dit dans l’épreuve (Braun and Hogenberg, Civitates Orbis Terrarum IV9. Date: first Latin edition of volume IV was published in 1588).
Le test demandait « Quelle était la fonction d’un beffroi quand les villes ont commencé à se développer au Moyen Âge ? « . Une des meilleures réponses à apporter( » abriter les cloches ») ne figurait pas dans les possibilités de réponses !