Plus de 50 associations (dont l’Aped), institutions et personnes se joignent au Réseau Wallon de Lutte contre la Pauvreté (RWLP) pour demander que la gratuité soit mise immédiatement à l’agenda politique. Appel aux signatures est lancé.
Une fois de plus, un public nombreux, composé principalement de professionnels et de militants, était là pour prendre la mesure de la gravité de la situation singulièrement en Wallonie et à Bruxelles 1« Colloque ‘Agir sur les causes structurelles de la pauvreté des enfants’ » – FRB – 12 juin 2014 – BozarBruxelles. http://www.kbs-frb.be/pressitem.aspx?id=312013&langtype=2060. C’est sur base du travail réalisé par Anne-Catherine Guio, Franck Vandenbroucke et Julie Vinck 2« L’importance de mettre la pauvreté des enfants à l’agenda politique. Quelques chiffres pour mieux en comprendre l’enjeu. » Anne-Catherine Guio, Frank Vandenbroucke et Julie Vinck. Cette note s’inspire en partie de Guio (2013) et Vandenbroucke et Vinck (2013). que la journée fut bâtie, permettant de souligner l’importance d’agir structurellement sur ce fléau. Loin de se limiter aux constats fatalistes, des propositions et pistes de travail furent énoncées. Il y va de la vie des enfants, des familles et du potentiel de développement de Bruxelles et de la Wallonie. Philippe Maystadt qui assurait la conclusion de la journée abonda dans ce sens.
Le 14 octobre 2013, trois jours avant la Journée mondiale de Lutte contre la Pauvreté, sortait le Working Paper publié par l’IWEPS 3A-C Guio, C. Mahy, Regards sur la pauvreté et les inégalités en Wallonie. IWEPS, octobre 2013, 48p. (http://www.iweps.be/sites/default/files/wp16.pdf) qui établissait déjà une partie de ces constats alarmants.
Si les aspects structurels liés au logement, à la santé, à l’accès à la culture et aux loisirs, à l’accès à des emplois corrects, ou encore à l’accueil de la petite enfance nécessitent des politiques plus audacieuses, plus ciblées, plus rapides et ce, dans les deux Régions du pays pour enrayer l’appauvrissement, la question de l’enseignement ressort comme un enjeu central. Cela ne constitue plus une surprise pour personne. Le Conseil économique et social de Wallonie (CESW) a lui-même fait apparaître dans son mémorandum 2014-2019, la nécessité de s’intéresser à l’enseignement dès les premières années de la scolarité 4« À la lumière des indicateurs et évaluations disponibles, le Conseil considère que l’amélioration de la qualité de l’enseignement obligatoire doit constituer un objectif central de la prochaine législature. Bien que chaque étape de la scolarité soit importante dans la construction des parcours individuels, le CESW souhaite mettre l’accent sur les premières années de scolarisation. (…) Une logique d’investissement social efficace et pérenne, notamment dans la santé, l’action sociale, la lutte contre l’exclusion et les inégalités est nécessaire dans le cadre d’un redressement régional. » Mémorandum du CESW 2014-2019. http://www.cesw.be/uploads/TriptyqueFF198x285mm.pdf.
Se refusant à en rester au stade des constats et souhaitant que les propositions des associations 5Voir notamment l’édito du Ligueur du 11 juin 2014 : « Frais scolaires : la nouvelle enquête de la Ligue des familles » https://www.laligue.be/association/communique/2014-06-11-edito-frais-scolaires ; DGDE : Manifeste « Pauvreté et école, quelles priorités ? » http://www.dgde.cfwb.be/index.php?id=3045 ; Forum Bruxellois de Lutte contre la pauvreté : http://www.fblp.be/Une-ecole-gratuite-maintenant.html soient enfin prises en considération, un large panel d’acteurs sociétaux se fédèrent autour de la nécessaire réduction des coûts de la scolarité.
Depuis longtemps, cet aspect est identifié par les familles comme l’un des éléments qui pourraient les soutenir dans leur rôle de parents et aider leurs enfants dans leur parcours scolaire. Cette priorité est relayée par bon nombre d’experts. Les coûts liés à la scolarité des enfants, de l’enseignement maternel aux études supérieures, sont très élevés en Fédération Wallonie-Bruxelles. Si cela a des conséquences immédiates sur le portefeuille du ménage 6« En Belgique, environ 420 000 enfants vivent sous le seuil de pauvreté . Ce seuil de pauvreté est fixé à environ 2.100 euros (nets) par mois pour un couple avec deux enfants, et à 1.600 euros pour une famille monoparentale avec deux enfants. » Ibidem 2. A ces enfants s’ajoutent ceux qui vivent dans un ménage dont le revenu dépasse à peine le seuil de pauvreté et qui souffrent de différentes formes de déprivation dans leur quotidien., ce n’est pas sans conséquence sur la possible réussite de l’enfant.
La non-gratuité scolaire pollue véritablement la relation triangulaire « parents-enfants-professionnels dans l’école » pourtant indispensable à une bonne accroche scolaire et à un trajet serein au sein de cette institution tellement essentielle. En outre, les frais qu’engendrent la journée à l’école et l’année scolaire renforcent la stigmatisation 7« Lutter contre l’appauvrissement des enfants, c’est lutter pour l’accès aux Richesses par les familles, et pour l’accès et l’usage équitables des Richesses Collectives par les enfants et leurs familles. » http://www.rwlp.be/images/PUBLICATIONS/130219-RWLP-_Pauvrete_enfants-familles-final_3.pdf. De 9 à 13., l’autocensure et la dépression familiale 8« Les personnes qui connaissent la pauvreté durable ou le flux tendu permanent des ressources qui engendre la peur permanente du lendemain et de l’imprévu, connaissent l’érosion des ressources matérielles, mais également des ressources physiques, morales et de l’énergie humaine indispensable à la mise en projet. Elles usent leurs forces physiques et mentales pour uniquement se débrouiller pour gérer la matérialité du quotidien et donc s’appauvrissent en spirale. Les fragilités de la vie et les confrontations à des problèmes divers que connaissent tous les ménages et toutes les personnes, quel que soit leur niveau de revenu, deviennent alors pour elles des pièges qui accentuent la spirale (un divorce, une maladie chronique, un ado qui commet une bêtise, etc.). Tout cela ne pardonne pas. » (Prise de parole collective de personnes témoins du vécu/militantes rédigée par le Réseau wallon de lutte contre la pauvreté) ».
Décider d’inscrire cette question à l’agenda politique, développer un plan stratégique cohérent et un phasage pour la décliner en actions concrètes ne relèvent en rien d’une utopie. Depuis plusieurs années, la Flandre a fait le pas d’un plafond maximum à facturer pour les frais scolaires, plusieurs pays européens appliquent des formes diverses de gratuité. Les recommandations européennes sur la nécessité d’« Investir dans l’enfance pour briser le cercle vicieux de l’inégalité » vont dans le même sens 9http://ec.europa.eu/social/BlobServlet?docId=9762&langId=en.. Il s’agit de faire de l’enfant une priorité absolue, sans quoi les bénéfices du développement régional ne pourront être engrangés. De nombreuses politiques sont nécessaires pour lutter contre les dégâts à court, moyen et long termes de la pauvreté des enfants et pour réellement investir en eux. La lutte contre le coût prohibitif de l’école constitue un premier élément que les responsables politiques doivent réellement prendre à bras le corps.
Si le fait de tendre vers la gratuité scolaire ne constitue pas le seul élément pour garantir que l’école réussisse avec tous et réduise ainsi les inégalités, elle en constitue toutefois un des éléments clés.
C’est pourquoi, ensemble, nous demandons que les négociateurs intègrent dans les déclarations de politique régionale et communautaire ce chantier majeur pour la prochaine législature, à savoir la mise en place immédiate d’un groupe de travail qui réfléchira à la meilleure manière de procéder pour réduire les coûts de la scolarité. Il s’agit de tendre vers la gratuité, dans un cadre où les nécessaires marges budgétaires doivent être dégagées pour mener à bien cette politique essentielle. Plusieurs des associations et personnes signataires sont entièrement disposées à investir leurs compétences en la matière, davantage encore que ce qu’elles ont déjà fait.
Ensemble, nous n’aurons de cesse tout au long de la législature, de veiller à ce que des décisions importantes soient prises en cette matière et soient appliquées.
Les premiers signataires
Le Réseau Wallon de Lutte contre la Pauvreté – Christine Mahy (secrétaire générale)
La Ligue des Familles – Delphine Chabbert (directrice) ;
Le Délégué Général aux Droits de l’Enfant – Bernard De Vos ;
Le RIEPP (Réseau des initiatives Enfants-Parents-Professionnels)-Quentin Verniers, coordinateur ;
L’Unicef Belgique – Yves Willemot (directeur général) ;
L’Observatoire de l’enfance, de la jeunesse et de l’aide à la jeunesse (OEJAJ) – Michel Vandeckeere (coordinateur) ;
Le Forum Bruxellois de lutte contre la pauvreté -Rocco Vitali (directeur) ;
L’ASBL RTA (Réalisation, Téléformation et Animation) – Jean Blairon (directeur) ;
L’ASBL Badje (Bruxelles Accueil et Développement pour la Jeunesse et l’Enfance) – Séverine Acerbis (directrice) ;
La CODE (Coordination des ONG pour les droits de l’enfant)-Frédérique Van Houcke (coordinatrice) ;
Les CEMEA (Centres d’Entrainement aux Méthodes d’Education active)- Geoffroy Carly (directeur) ;
Amnesty International – Philippe Hensmans (directeur général) ;
Le PAC (Présence et Action culturelle)-Yanic Samzun (secrétaire général) ;
Le Cépag (centre d’éducation populaire André Genot) – Anne-Marie Andrusyszyne (directrice) ;
Le CAL (Centre d’Action laïque) – Henri Bartholomeeusen (président) ;
Le MOC (Mouvement Ouvrier chrétien) – Christian Kunsch (président) ;
L’UFAPEC (Union francophone des Associations des Parents d’Enseignement catholique)-Bernard Hubien (secrétaire général) ;
La FAPEO (Fédération des Associations de Parents de l’Enseignement officiel) – Luc Pirson (président) ;
Le CGé (Changement pour l’Égalité) – Anne Chevalier (secrétaire générale) ;
L’Aped (Appel pour une Ecole démocratique)- Jean-Pierre Kerckhofs (président) ;
L’ASBL TDA/H Belgique (Trouble déficitaire de l’Attention avec ou sans Hyperactivité) – Pascale De Coster (directrice) ;
AtMOsphères AMO, Service d ‘Aide en Milieu Ouvert – Boutaffala Khaled (directeur) ;
Fédération Luttes Solidarités Travail – Luc Lefèbvre (militant) ;
Service Droit des Jeunes Bruxelles – Christelle Trifaux (directrice) ;
Re-Sources Enfances asbl – Lucia Pereira (responsable de formations) ;
L’association Françoise Dolto – Michelle Christophe (Présidente) ;
Le Centre Psycho-Médico-Social libre de Bruxelles-Sud – Myriam GABRIEL (directrice) ;
La Ligue des Droits de l’Enfant – Jean-Pierre Coenen (président) ;
Défense des enfants International Belgique (DEI) – Benoit Van Keirsbilck (directeur) ;
Henri Wittorski, Parent d’élèves et ancien président de l’UFAPEC (Union francophone des L’Associations des Parents d’Enseignement catholique) ;
Médecins du Monde – Pierre Verbeeren (directeur général) ;
Traces de rue, (Fédération francophone des travailleurs sociaux de rue) – Véronique Martin (coordinatrice) ;
Dynamo International – Edwin de boevé (directeur) ;
Le Réseau Solidarcité Asbl – Simon Niset (coordinateur) ;
La Ligue des droits de l’Homme – Véronique van der Plancke, (Vice-présidente), Collaboratrice scientifique au sein de l’Institut pour la recherche interdisciplinaire en sciences juridiques, JURI, UCL ;
Fonds Houtman (ONE) – Claudia Camut (présidente) et Marc Vainsel (administrateur général) ;
Institut Destrée – Philippe Destatte (directeur général) ;
Equipes Populaires – Christine Steinbach (présidente).
Anne-Catherine Guio, Institut de recherche CEPS/INSTEAD (LU) ;
Eric Marlier, Institut de recherche CEPS/INSTEAD (LU) ;
Willy Lahaye, Professeur, Président du Centre de Recherche en Inclusion Sociale (CeRIS), Université de Mons ;
Idesbald Nicaise, Professeur, K.U. Leuven ;
Xavier Dumay, Professeur en sciences de l’éducation, UCL ;
Marie Verhoeven, Professeure de sociologie et chercheur au GIRSEF/IACCHOS,UCL;
Eric Mangez, Sociologue, UCL ;
Vincent Dupriez, Professeur en science de l’éducation, UCL ;
Ariane Baye, Faculté de Psychologie et des Sciences de l’éducation, Service d’Analyse et d’Intervention dans les domaines du Décrochage et de l’Exclusion, ULg ;
Marie-Thérèse Casman, Sociologue de la Famille, ULg ;
Laurent Nisen, Sociologue, Panel Démographie Familiale, ULg ;
Pierre Verjans, Citoyen-Politologue à l’ULg ;
Patricia Schillings, Faculté de Psychologie et des Sciences de l¹Education, ULg ;
Dominique Lafontaine, Professeure, Présidente du Département Education et formation Directrice du service Analyse des systèmes et des pratiques d’enseignement, ULg ;
Florence Pirard, Chargée de cours Unité PERF (Professionnalisation en Education: Recherche et Formation) ;
Marc Jacquemain, sociologue, ULg
Marcel Crahay, Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation, Université de Genève et de Liège ;
Yves Robaey, formateur d’enseignant en Haute Ecole.
POUR SIGNER, ENVOYEZ VOS COORDONNÉES À m.collard@rwlp.be :
– Pour les associations : nom de l’association, personne habilitée à signer et fonction
– Pour les personnes : prénom, nom, fonction ou rôle dans la société
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