Appel au débat en vue d’une refondation de l’École

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Ce vendredi 31 janvier 2014, l’Aped s’associe à une trentaine d’autres organisations, à des personnalités du monde académique et aux principaux syndicats enseignants afin d’appeler à un débat en vue d’une refondation de l’Ecole. Les revendications de ce collectif rejoignent en effet très largement les propositions de réforme de notre association. Voici le texte de cet appel.

LES CONSTATS

Les indicateurs de l’enseignement ain- si que plusieurs études (FRB, PISA…) montrent à quel point les disparités sont importantes et socialement liées en Communauté française.

Le quasi-marché scolaire et les enjeux de sélection implicitement présents dans tout le système amènent une reproduction dramatique des inégalités sociales qui se transforment en inégali- tés scolaires.

C’est pour l’enseignement spécialisé et le premier degré différencié que l’indice socioéconomique moyen des élèves est le plus faible.
Cela révèle une corrélation entre l’échec scolaire et l’appartenance à un milieu dé- favorisé.

Dans la suite des parcours scolaires, la hiérarchisation sociale des filières oriente les élèves les plus faibles économiquement et scolairement vers l’enseignement qualifiant.
Beaucoup de jeunes formés à un métier ne sont donc pas ceux qui le veulent, mais ceux que le système a conduits là par défaut.

De façon générale, le taux de redouble- ment est dramatique dans notre Com- munauté.
Plus d’un élève sur deux termine sa sco- larité avec au moins une année de retard, et cela sans tenir compte des 20% qui dé- crochent avant la fin du secondaire.
Du point de vue du contenu des apprentissages, l’école ne pratique que trop rare- ment le questionnement démocratique en son sein.

Les savoirs enseignés ne sont pas suffisamment mis en lien avec les enjeux de société ; ils n’outillent pas tous les élèves pour penser le monde dans lequel ils vivent.
Ces quelques constats révèlent que, mal- gré les nombreuses réformes visant à opérationnaliser les missions de l’École, notre enseignement n’arrive pas à se rapprocher de ses objectifs.

Face à de telles difficultés, il faut empoi- gner le taureau par les cornes. Mais le taureau est imposant, il ne changera sa course que soumis à une force massive, constante et durable.

Cette force ne peut être obtenue que par une réelle volonté de la part de ses repré- sentants politiques et une adhésion des acteurs.

NOS REVENDICATIONS

Dans la perspective des élections de mai 2014, les signataires de cet appel demandent aux hommes ou femmes politiques d’affirmer leur volonté d’ouvrir le débat en vue d’une refondation de l’École pour répondre aux défis de notre société.

Pour ce faire, nous demandons au prochain gouvernement d’arrêter la course aux réformes et d’avoir le courage

✔ d’analyser la situation de l’enseignement en CF avec toutes ses composantes, d’évaluer objectivement ce qui a été fait et d’identifier les freins aux changements ;

✔ de débattre avec les acteurs en levant les tabous qui empêchent toute évolution globale du système :
• le quasi-marché scolaire,
• la complexité du système en particulier du fait
des réseaux,
• l’articulation des différents niveaux scolaires,
• la hiérarchisation des filières,
• les modes d’évaluation des élèves, des professionnels
et du système,
• le temps scolaire des enseignants et des élèves ;

✔ de proposer un projet global concerté et cohérent pour l’enseignement obligatoire et la formation des enseignants ;

✔ de planifier la mise en œuvre de ce projet sur deux législatures au moins et d’en assurer la pérennité.

LES SIGNATAIRES

Des associations

AMO : Agora Jeunes, CIAC, COLOR’ADOS,
La Chaloupe, Plan J, SOS Jeunes Quartier Libre
Aped – Jean-Pierre Kerckhofs
ATD Quart monde – Herman Van Breen
Badje – Séverine Acerbis
CEDD – Véronique Marissal
CGé – Anne Chevalier
CODE – Frédérique Van Houcke
Collectif Alpha – Olivier Balzat
Culture et Démocratie – Christelle Brüll
DEI-Belgique – Benoît Van Keirsbilck
DGDE – Bernard De Vos
FFEDD – Stéphanie Demoulin
FIPE – Corinne Dal Cero
FAPEO – Maurice Decuyper
HYPOThèse – Sabine Daro
Infor Jeunes Laeken – Chantal Massaer
Inforautisme – Cinzia Agoni-Tolfo
La Ligue de l’enseignement – Patrick Hullebroeck
La Ligue des familles – Delphine Chabbert
Ligue des Droits de l’Enfant – Jean-Pierre Coenen
La Ligue des Droits de l’Homme – Laurent Dumoulin
Lire et Écrire – Sylvie Pinchart
MOC – Christian Kunsch
PAC – Yannick Zamsun
Réseau IDée – Joëlle Van Den Berg
RWLP – Christine Mahy
Seuil SAS – Catherine Otte
UNICEF – Belgique – Yves Willemot
Vivre Ensemble – Isabelle Franck

Des académiques

Marcel Crahay – Professeur ULg et UGenève
Bernard Delvaux – Chercheur UCL
Marc Demeuse – Professeur UMONS
Vincent Dupriez – Professeur UCL
Benoît Galand – Professeur UCL
Dominique Lafontaine – Professeur ULg et responsable PISA Belgique francophone

Des syndicats

CGSP Enseignement – Pascal Chardome
CSC – Claude Rolin
CSC Enseignement – Eugène Ernst
FGTB – Anne Demelenne
SEL-SETCA – Joan Lismont

1 COMMENT

  1. Appel au débat en vue d’une refondation de l’École
    Bonjour,

    sachant que le sujet touche tout d’abord les jeunes, leurs parents mais aussi et surtout les enseignants si l’on veut que cette refondation fonctionne, ne serait-il pas utile, nécessaire, indispensable, d’imaginer un débat sur cette refondation débat qui passerait non pas via les instances représentatives des enseignants (PO, syndicats…) mais plutôt directement via les enseignants qui marquent de l’intérêt pour cette matière? L’enjeu paraît suffisamment important pour que chacun puisse émettre son opinion sans se sentir « coincé » par le profil adopté par ses représentants?!

    Beaucoup d’entre nous, dont je suis, ne maîtrisent même pas toutes les facettes de l’organisation de notre enseignement : il serait peut être bon que cela soit rappelé, expliqué et ensuite que chacun ait le droit de donner son avis.

    En pratique des réunions sembleraient compliquées à organiser, mais une fois les enseignants bien informés, ils pourraient peut être s’exprimer de manière électronique d’abord afin de collecter les impressions et les ressentis de tous, ensuite ils pourraient se regrouper par « chantiers » de travail et enfin, une fois le travail dégrossi, ils pourraient avoir un vrai débat ouvert, avec les académiques et autres représentants.

    Ce schéma a été jusque là impossible, nous ne croisons jamais nos collègues vu la multiplicité des réseaux, …

    Il me semble cependant vraiment important de prendre en compte ceux qui vivent l’enseignement sur le terrain.

    Merci dans tous les cas pour votre initiative.

    F Dupont

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