L’homophobie et l’hétérosexisme sont des insultes à l’intelligence et à l’humanité. C’est pourquoi nous ne tolérons pas que les interventions du GrIS Wallonie dans les écoles soient attaquées dans une carte blanche médiocre, publiée par la Libre Belgique ce 29 novembre. Le GrIS est un groupe d’intervenant-e-s bénévoles gays, lesbiennes et bisexuel-le-s, qui viennent dans les écoles pour tenter de démystifier l’homosexualité auprès des jeunes.
Minorisés, étiquetés, stigmatisés, harcelés et discriminés, les lesbiennes, gays, bi et transgenres (LGBT) – et leurs proches, mais aussi les hétéros soupçonnés d’être homos – souffrent dans le système scolaire. Elèves comme membres du personnel. S’il n’existe, à notre connaissance, aucune étude quantitative à propos de l’impact de l’homophobie sur la scolarité – du moins en Belgique -, les enquêtes qualitatives ne manquent pas et révèlent toutes cette triste réalité. Les plus terribles et éclairantes ont trait au taux de suicides des jeunes LGBT.
Alors, quand déboule dans le champ médiatique une carte blanche aussi effarante que celle que la Libre Belgique a jugé bon de publier aujourd’hui, nous nous devons de réagir ! A commencer par donner la parole à Joey P. Delatte…
Réaction de Joey P. Delatte, militant associatif [[Administrateur délégué, Vice-président et Co-fondateur, à CHEFF asbl, Administrateur, à Relie-F ASBL et Administrateur, à Arc-en-Ciel Wallonie]]
Quand La Libre Belgique pète un câble et laisse raconter des stupidités dans ses colonnes par trois ignorants, attention, c’est du lourd. Petit florilège :
« Manière d’affirmer une liberté individuelle totale qui prend sa revanche sur la nature et sur l’histoire : une femme n’aura plus à subir la « fatalité » de vivre comme femme si elle peut plutôt décider de se penser comme homo-, bi-, trans-, inter- ou hétéro-sexuelle. Cette libération illusoire, par un tour de passe-passe du langage, révèle en fait une nouvelle conception de la personne humaine. »
Une attaque directe envers nous (le Gris Wallonie) : « A l’école en Belgique, le cours d’éducation sexuelle interpelle les enfants : tous les comportements (homosexuel, hétérosexuel, bisexuel…) sont présentés sur le même plan ; pourquoi faudrait-il choisir ? Des associations, imprégnées par la pensée de groupes LGBT1 aussi actifs que minoritaires, rencontrent les élèves de collège. Au cœur de la période fragile de l’adolescence, les jeunes reçoivent un discours qui échappe aux parents, premiers responsables de leurs enfants, et aux équipes enseignantes. Ces militants radicaux du « gender », au nom de la non-discrimination, banalisent le choix d’un comportement sexuel comme s’il était indifférent, et encouragent les jeunes à tester des expériences transgressives. Un jeune homme de 15 ans, déboussolé par de tels propos, se lançait il y a quelques temps dans une expérience homosexuelle. Il confiait le mois dernier à un animateur : « Je vis l’homosexualité, et je n’arriverai plus à m’en sortir. Pourtant, ce dont j’aurais rêvé plus tard, c’est de me marier avec la femme que j’aime et de devenir papa. ». »
« A tout mettre sur le même plan et à multiplier les choix possibles, c’est la confusion qui s’installe. On oublie que l’hétérosexualité n’est pas un comportement parmi d’autres, mais bien l’expression d’une rencontre dans la différence des sexes, qui seule ouvrira un jour à la vie et à l’enfant. Une dimension humaine exceptionnelle, celle qui crée la famille humaine, qui ne peut pas être occultée sans manquer gravement à ce que nous devons aux générations qui viennent après nous. »
Quand sera-t-il enfin possible d’arrêter avec ces amalgames qui font du tort à ces jeunes que l’on prétend défendre d’un profond chambardement ? Je suis outré qu’il existe encore des gens pour défendre qu’il faut encore aujourd’hui invisibiliser les LGBT sous prétexte de « protéger les jeunes d’influences néfastes et perturbantes« .
Jean-Benoît Casterman, Bénédicte Gillis, Anne Schaub-Thomas et Jean-Pierre Vandenschrick, auteurs de cette mal nommée carte blanche, loin de faire preuve d’une quelconque lucidité de la parole du bon-sens, vous êtes pour moi parmi les responsables du mal-être des jeunes LTGBTQI dans nos écoles.
En rage… Et pour la première fois très heureux d’être qualifié de « militant radical du gender ».
Réaction de l’Aped
Pour notre part, nous renverrons les lecteurs vers le dossier que nous avions publié en mars 2009 Combattre l’homophobie à l’école .
Nous rappellerons que les autorités publiques en charge de l’enseignement en Communauté Française, fédération Wallonie – Bruxelles, soutiennent les initiatives comme celle du GrIS. Et qu’elles ont bien raison de le faire [Pour avoir assisté dans nos classes du secondaire à quelques animations du GrIS, nous confirmerons sans détour leur très haut intérêt et leur qualité, toutes tournées qu’elles sont vers l’acceptation d’une diversité qu’il faut reconnaître, et, contrairement à ce que prétendent les auteurs de la carte blanche, à mille lieues d’un quelconque prosélytisme « transgressif »]]. La CFWB avait d’ailleurs publié un outil pédagogique [Combattre l’homophobie à l’école. Pour une école ouverte à la diversité .
N’en déplaise aux réactionnaires…
Le Groupe d’Intervention Scolaire (GrIS Wallonie) des LGBT injustement pris à partie
Après cette lecture…
Je me conforte dans l’idée que je dois continuer à cacher mon homosexualité à l’école, aux collègues, aux parents…
C’est triste, désolant, dégoûtant des propos si fermés
…enseignante tellement déçue…