Pour un financement juste : en finir avec les réseaux

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Ainsi le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles a trouvé un moyen astucieux de rapprocher les subventions de fonctionnement de l’enseignement libre de celles de l’enseignement officiel : en diminuant les deuxièmes. Il suffisait d’y penser ! L’occasion pour l’Aped de rappeler sa position sur les réseaux.

Il suffit de se rendre dans un établissement scolaire ordinaire pour se rendre compte que nos écoles, qu’elles soient libres ou officielles, ne roulent pas sur l’or : bâtiments délabrés et surpeuplés, châssis vétustes, isolation thermique inexistante, chaudières énergivores, tableaux plus très noirs, murs décrépits, nettoyage superficiel, laboratoires non fonctionnels, équipement pédagogique agonisant, toilettes nécessitant beaucoup de courage, etc, etc.

Il est vrai aussi que la situation est particulièrement grave dans certains établissements du réseau libre. Notamment ceux qui, de par leur implantation ou leur recrutement ne reçoivent pas d’aide de parents fortunés ou de communes riches. Cependant, le Secrétariat Général de l’Enseignement Catholique ferait bien de s’en prendre à lui-même. Chaque fois qu’il se trouve confronté à l’idée d’une fusion des réseaux, il brandit la même réponse, la même menace : «ça coûterait une fortune, parce que l’enseignement officiel est beaucoup plus cher que le libre». Sous-entendu : nous nous débrouillons très bien comme ça, avec les moyens que nous avons; c’est l’enseignement officiel qui est trop coûteux. Discours reçu cinq sur cinq par le gouvernement de la Fédération W-B, qui parvient à réduire ses dépenses tout en montant les enseignants d’un réseau contre les autres : aux profs de l’officiel on explique que c’est à cause des revendications du libre que leurs moyens sont réduits; aux profs du libre on explique que leurs conditions de travail resteront ce qu’elles sont tant qu’on n’aura pas diminué la « gabegie » de l’officiel.

Notre association, l’Aped, rejette ces tentatives de division. Certes, on ne peut pas accepter que certains élèves aient droit à moins de moyens que d’autres. Mais l’enseignement catholique ne peut pas vouloir le beurre et l’argent du beurre. Selon nous, le seul moyen d’assurer l’égalité de traitement de tous les établissements scolaires c’est de les fusionner au sein d’un unique réseau public et non-confessionnel.

Une telle fusion s’impose pour de multiples raisons.

Premièrement, elle est une condition sine qua non de la mise en place d’une procédure d’affectation des élèves aux écoles qui en finisse une fois pour toutes avec cette spécialité belge qu’est le «quasi-marché» scolaire, cause première d’une autre spécialité : l’extrême polarisation sociale de notre enseignement.

Deuxièmement, il est inadmissible, dans une société de plus en plus multiculturelle, de continuer de diviser les enfants selon les choix philosophiques de leurs parents. Seule l’école publique peut être l’école de tous.

Troisièmement, la mobilité des élèves entre les réseaux est devenue telle que l’existence de programmes d’étude distincts constitue désormais une entrave importante à un parcours scolaire cohérent.

Quatrièmement, il y a la problématique actuelle du financement : la fusion des réseaux assurera l’égalité de traitement des écoles : égalité de droits et égalité de devoirs.

A la rentrée, nous ne manquerons de nous saisir du mécontentement que suscitera la décision de la Fédération W-B afin de propager notre vision d’une école unique et publique, d’une école commune et ouverte à tous.

Nico Hirtt est physicien de formation et a fait carrière comme professeur de mathématique et de physique. En 1995, il fut l'un des fondateurs de l'Aped, il a aussi été rédacteur en chef de la revue trimestrielle L'école démocratique. Il est actuellement chargé d'étude pour l'Aped. Il est l'auteur de nombreux articles et ouvrages sur l'école.

2 COMMENTS

  1. Pour un financement juste : en finir avec les réseaux
    Nous sommes rentrés! A mon grand étonnement aucun de mes collègues n’a l’air d’être au courant de ce rabotage de budget! ..et pire, ils s’en contrefichent! ?? Au secours!

    « A la rentrée, nous ne manquerons de nous saisir du mécontentement que suscitera la décision de la Fédération W-B afin de propager notre vision d’une école unique et publique, d’une école commune et ouverte à tous. » …. j’attends!

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