Charlotte Charpot: Madame, vous êtes une prof de merde, 2010, Bruxelles-Paris, Les éditions de l’arbre. p. 220, €18.90
Charlotte Charpot est le pseudonyme d’une jeune enseignante française qui, profondément déçue par le système français, décide de se transférer en Belgique, pays cité dans le rapport Pochard 2008 du Ministère de l’Education français comme modèle où « l’économie intelligente permet de donner à l’enseignant un travail à la mesure de ses capacités (p.13) ». Première déception : pour enseigner en Belgique il faut l’ « équivalence » du titre d’étude. Charlotte entame, donc, un chemin de croix de quelques mois pour obtenir cet « équivalence », une lutte quotidien contre la bureaucratie, pour achever un dossier qui ne semble jamais arriver à être complet. Finalement, quand Charlotte entre dans une école belge, la déception est totale. Les conditions de travail son insoutenables, le malaise monte. Structures délabrées, équipement insuffisante, des difficultés même pour utiliser une photocopieuse. Cependant, l’aspect plus frappant de l’expérience de Charlotte concerne la qualité des relations humaines. L’autoritarisme ubuesque du directeur, les prétentions des parents, l’arrogance des élèves qui, contraints dans une institution répressive se révoltent contre l’ultime des responsable, l’enseignante, font face au manque de solidarité entre les collègues. Probablement, cette indifférence réciproque entre les enseignants est l’aspect le plus inquiétant du livre. Un livre ou la polémique contre l’organisation scolaire belge est percutante, ou l’autrice conteste l’existence des réseaux et la forte influence catholique dans le système scolaire, mais, enfin, la solitude est le mot –clé de lecture. La solitude de l’enseignant face aux élèves, et à la direction, mais aussi face aux collègues. La métaphore est le congé pour maladie. Les élèves exultent de l’absence du professeur, ils regrettent, peut être qu’il n’ait pas eu un accident mortel et à la rentrée, les collègues seront la a lui reprocher qu’ils ont du le remplacer. La maladie devient une faute. Ce livre est à lire, chaque enseignant peut y retrouver une partie de son expérience, et y repérer aussi quelques réponse a ceux qui soutiennent que dans le secteur de l’enseignement on ne travaille pas : « dans le privé, on ne connaît rien au monde de l’enseignement. Dans le privé, on ne sait pas que l’enseignant n’est pas payé lorsqu’il est en congé ; dans le privé, on ne sait pas que les vacances que prend l’enseignant son vitales pour faire retomber les pressions continues, l’état de tension permanent et la fatigue morale et physique quotidienne. Dans le privé, on ne sati pas que l’enseignant est mal payé et qu’il poursuit son travail chez lui. On ne dit jamais que si l’enseignant sort de l’école, l’école ne sort pas de l’enseignant » (p.19)