Certains experts, largement cités par les milieux gouvernementaux, affirment que l’enseignement francophone serait trop coûteux. En réalité, lorsqu’on compare les coûts par élève au Nord et au Sud de la Belgique, c’est en Communauté française que les dépenses sont, de loin, les plus faibles.
Nul n’ignore, en Belgique, que les institutions de la Communauté flamande sont plus riches que celles de la Communauté française. On sait aussi, généralement, que les moyens alloués par la Communauté flamande à son enseignement sont supérieurs à ceux de la Communauté française. Mais prend-on réellement la mesure de cet écart ?
||Encadrement et moyens budgétaires dans les deux communautés
(Année scolaire 2005-2006)||
| |Vlaamse Gemeenschap|Communauté française|Différence en %|
|Fondamental ordinaire||||
|Effectifs|621 682|478 210|30,0 %|
|Personnel enseignant et directions (Eq.T.P.)|46 479|32 286|44,0 %|
|Personnel total (Eq.T.P.)|50 422|34 247|47,2 %|
|Dépenses (milliers d’€)|2 347 502|1 471 909|59,5 %|
|Ratio Elèves / enseignants|13,38|14,81|-9,7 %|
|Enseignants / 100 élèves|7,48|6,75|10,7 %|
|Dépenses par élève (milliers d’€)|3 776|3 078|22,7 %|
|Secondaire ordinaire||||
|Effectifs|439 550|350 083|25,6 %|
|Personnel enseignant et directions (Eq.T.P.)|55 388|37 146|49,1 %|
|Personnel total (Eq.T.P.)|62 117|44 743|38,8 %|
|Dépenses (milliers d’€)|3 156 365|2 128 450|48,3 %|
|Ratio Elèves / enseignants|7,94|9,42|-15,8 %|
|Enseignants / 100 élèves|12,60|10,60|18,8 %|
|Dépenses par élève (milliers d’€)|7 181|6 080|18,1 %|
|Fondamental + secondaire||||
|Ratio Elèves / enseignants|10,42|11,93|-12,7 %|
|Enseignants / 100 élèves|9,60|8,38|14,5 %|
|Dépenses par élève (milliers d’€)|5 186|4 347|19,3 %|
Dans l’enseignement fondamental, la Communauté flamande compte 30% d’élèves de plus que la communauté française. Mais le nombre de ses instituteurs et directeurs est supérieur de 44%. Dès lors, le nombre d’élèves par professeur est inférieur de 9,7 % en Communauté flamande par rapport au sud du pays. A l’inverse, le taux d’encadrement mesuré par le nombre d’enseignants pour 100 élèves y est supérieur de 10,7%.
Dans l’enseignement secondaire, ces écarts sont encore plus importants puisque le taux d’encadrement flamand est presque 19% supérieur au taux francophone. Ceci s’explique sans doute partiellement par le fait que la Flandre compte, comme nous l’avons vu plus haut, davantage d’enseignement technique et professionnel.
Sur le plan budgétaire, les différences sont plus flagrantes encore, surtout dans l’enseignement fondamental, où la dépense par élève en Flandre dépasse de 22,7% celle en Communauté française.
Au total, tous niveaux d’enseignement confondus, le nombre d’élèves par enseignant est 12,7% plus bas en Communauté flamande, les taux d’encadrement y sont 14,5 supérieurs et les dépenses par élève y dépassent de 19,3% celles de la Communauté française.
Ces chiffres montrent ce que nous n’avons cessé d’écrire depuis 1990 : la communautarisation de l’enseignement a été une catastrophe sur le plan de l’équité inter-régionale. Et les différents plans de sauvetage de la Communauté française, concoctés depuis lors, n’auront fait qu’entretenir une situation inadmissible. Il n’existe aucune raison, aucune motivation, pour que deux enfants du même pays se voient scolarisés dans des conditions tellement inégales, au seul motif qu’ils habitent des régions différentes. Ce qui vaut (ou devrait valoir) pour la sécurité sociale — qui est l’assurance sociale des adultes — devrait a fortiori être valable pour l’enseignement — qui est l’assurance-avenir des enfants et des jeunes.
Les militants de l’Aped-Ovds, francophones et flamands, plaident pour une révision urgente de la loi de financement des Communautés, sur le principe : un même budget pour chaque élève.