Formation (politique de…)

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Il y a lieu d’opter pour une définition de la politique de formation qui soit à la fois radicale (en tant qu’elle touche à la racine de ce qui est à définir), et la plus transversale possible (généralisable). Nous en sommes dès lors venus à définir la politique de formation en tant que dispositif où s’exerce une intervention sur la capacité de symbolisation des individus.

Nous entendons par capacité de symbolisation, la capacité qu’ont les individus et les groupes sociaux à se donner des repères existentiels (sens, valeurs..).

Toute pratique de formation, et à fortiori tout système d’enseignement et d’éducation formalisé comme tel, est donc mû et orienté par une politique de formation, implicite (comme c’est souvent le cas) ou non.

La conception technocratique de la formation (« ingénierie » de la formation et ses avatars), qui connait un essor depuis ces vingt dernières années, tend à faire l’impasse sur cette dimension politique au nom d’une vision instrumentale et « scientifique » de l’acte de formation. Selon cette perspective, la formation est conçue essentiellement comme une inculcation de savoirs préformés, répondant à des « besoins » (notamment, pour ce qui est du marché de l’emploi, les besoins qui auront été définis comme tels par le patronat), et dont il s’agit impérativement d’assurer la « satisfaction ».

Néanmoins, qu’elle cherche à l’occulter ou non, tout pratique de formation, comme nous l’avons dit, met en application une politique. Et toute politique de formation tend à avoir un impact au niveau collectif, dans la mesure où ce sont les politiques de formation qui configurent et nourrissent le capital culturel d’une société. NB : nous entendons par capital culturel l’ensemble des valeurs et ressources collectives qui découlent de l’action produite par la société sur elle-même en vue de sa propre transformation (*).

Or, les problèmes de société, et plus spécifiquement ceux liés à la formation et à l’éducation des jeunes, comme le confirment de multiples études, sont directement enchâssés dans les inégalités sociales (dont tous les indicateurs montrent, par ailleurs, la constante augmentation, principalement dans les grandes villes).

En conséquence, un système scolaire digne de ce nom devrait accomplir sa mission sous la motion d’une politique de formation mettant en œuvre tous les moyens destinés à réduire ces inégalités, et non d’une politique qui les accentue davantage. Ce qui implique alors également que le véritable enjeu de la formation des jeunes est moins la production d’un individu capable de « vendre » ses compétences, que l’émancipation d’un acteur de changement, citoyen et critique.

(*) La notion de «capital culturel » a connu, de Durkheim à Bourdieu, des acceptions diverses. Celle que nous privilégions ici s’apparente davantage aux travaux issus de la sociologie de l’action (A.Touraine) : le capital n’y est pas appréhendé comme un objet de transmission, mais comme résultante de l’action transformatrice de la société sur elle-même.