« Les étudiants qui arrivent dans l’enseignement supérieur, pourtant habitués à l’utilisation de Google, MSN et Myspace, affichent de profondes lacunes en matière de recherche documentaire et informationnelle, y compris via internet. » Voilà qui a le mérite d’être clair ! L’ASBL Edudoc et le Conseil interuniversitaire francophone en sont arrivés à cette conclusion sans appel après une enquête menée auprès de 1865 jeunes. Note moyenne : 7,67 sur 20, plus de 90 % des candidats n’atteignant pas la « satis ». Recours systématique à internet avant toute autre source, internet mal utilisé, manque d’esprit critique et de discernement face aux informations (on trouve tout et n’importe quoi sur la toile), manque de rigueur éthique (pas de citation des sources, notamment), mauvaise utilisation des mots clés et des opérateurs « booléens » (« et », « ou », « + », etc.). Les étudiants qui disposent d’internet à domicile se trompent même plus lourdement que les autres. (Le Soir, 21 mai 08)
Une nouvelle occasion de rappeler notre position. Internet peut être un formidable mode de communication et d’accès au savoir. Mais il n’est efficient que chez les personnes par ailleurs dotées d’une solide culture de base, d’un esprit critique acéré et d’une bonne méthode de travail. Autant de qualités qui s’acquièrent à force de travail, au contact des livres, des encyclopédies, des enseignants, des bibliothécaires, etc. La nécessité de généraliser un apprentissage sérieux de la recherche documentaire dans le secondaire est une évidence. Encore faudrait-il que le pouvoir politique dégage les moyens pour ce faire.
A lire M. Tarabella, Ministre Wallon de la Formation, dans le Soir du 10 juillet dernier, on peut douter de l’ambition de nos responsables en la matière. La Région investit bien 85 millions d’euros dans le renouvellement du parc des cyberclasses des écoles primaires et secondaires (40000 ordinateurs), mais avec des objectifs très instrumentaux et limités : par exemple, rédiger un CV qui tienne la route ou, pour un candidat magasinier, savoir ouvrir un tableur. Nous sommes bien loin de l’utilisation citoyenne critique que l’APED appelle de ses vœux.