Le ministre de l’Education nationale Xavier Darcos présente ce 29 avril la version finalisée de ses nouveaux programmes de l’école primaire, déjà critiqués par une large part de la communauté éducative pour qui ils traduisent une vision « passéiste » de l’Ecole. Ces programmes ont été examinés en mars dans toutes les écoles pour une mise en oeuvre prévue à la rentrée. Les 1.100 synthèses tirées de ces consultations seront publiées mardi, au moment où les modifications qu’elles ont induites seront actées.
Alors que le ministère s’appuie sur ces synthèses pour se prévaloir d’une appréciation « globalement positive » du terrain, syndicats, parents et associations se sont étonnés que leur publication n’ait pas précédé la présentation du texte finalisé. De fait, plusieurs points devraient évoluer, ce dont le ministre ne fait pas secret : ainsi l’apprentissage du passé et du futur antérieurs, des sphères et volumes, de la division ou de la règle de trois sont repoussés dans le temps; le cinéma va être introduit dans le corpus des connaissances en Histoire de l’Art.
« Conception étroite et réductrice »
Mais, au-delà, les critiques qui entouraient le projet concernent la « philosophie générale » de ces programmes, resserrés sur une trentaine de pages et qui introduisent des cours d’instruction civique et morale. « Conception mécaniste des apprentissages », « vocabulaire rétrograde », « retour en arrière qui ne tient pas compte des évolutions de la société », « non prise en compte de la recherche des 30 dernières années », « conception étroite et réductrice »: tels sont les reproches adressés en vrac par des enseignants, selon la cinquantaine de synthèses rendues publiques par le SNUipp-FSU, principal syndicat du primaire. En revanche la progression par « niveaux » est manifestement appréciée des professeurs des écoles.
Pour Faride Hamana, président de la FCPE, principale fédération de parents d’élèves, ces programmes sont inspirés par « une philosophie libérale, réactionnaire ». « Ce ne sont pas les praticiens qui les ont écrits mais des gens qui ont une vision idéologique de l’école », regrette-t-il. « On suppose que l’enfant sait, à partir du moment où le maître a fait cours, alors que nous, parents, sommes bien placés pour savoir, par exemple avec les tables de multiplication, qu’un enfant peut apprendre par coeur mais trois jours après, il faut recommencer », explique-t-il.
Fervent défenseur du retour aux fondamentaux avec un renforcement des horaires de français et mathématiques, même au détriment de matières comme l’histoire-géographie ou les sciences, le ministre n’a eu de cesse d’insister sur « les classements internationaux catastrophiques pour la France ». Pourtant deux anciens ministres, Luc Ferry et Jack Lang, l’ont supplié publiquement de revenir sur son texte, de même que les 31.000 signataires d’une pétition intitulée « copie à revoir ». La commission des Affaires culturelles du Sénat elle-même a rendu un avis favorable mais assorti de réserves. Signe du trouble profond qui agite l’éducation, un appel à la grève le 15 mai a été lancé par trois syndicats, le SNUipp-FSU, le SE-Unsa et le Sgen-CFDT