Fin de récré. Pour une refondation de l’école

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On fait tout à l’école, sauf l’essentiel ! Les différents programmes qui se sont succédés ont continué à rogner sur le français ou les mathématiques afin d’offrir toutes sortes d’activités comme l’éducation au code de la route, le développement durable ou la diététique…

Aujourd’hui , certaines municipalités proposent d’offrir aux élèves de leur commune des cours gratuits de secourisme… Tout ceci est fort sympathique, peut être utile mais se situe en marge de la fonction de l’école.
Jean-Paul Brighelli explique tout cela sans détour, ni faux fuyant en terminant chaque chapitre par des propositions comme celle reprise par beaucoup de faire passer l’horaire de français en primaire à dix heures.

Encore une fois l’auteur défend la langue française oubliée et fracassée en proposant que dès la maternelle, en fonction des capacités liées à l’âge, l’enseignant se fixe comme objectif la maîtrise par l’enfant de la grammaire.
Il en profite d’ailleurs pour combattre les illusions comme celle qui consiste à vouloir apprendre précocement une langue étrangère à ceux qui ne parlent même pas la leur, le français.

Toutes ses propositions sont à discuter, certaines sont intéressantes et cohérentes alors que quelques unes prêtent à sourire…Faut-il réinstaller des estrades en classe? Et proposer à des retraités de « rempiler »?
Comme d’habitude, Jean Paul Brighelli s’en prend aux « pédagogistes ».

Les frontières ne sont pourtant pas si nettes que cela. Je côtoie une retraitée militante de Reconstruire l’école qui utilise de la pâte à modeler et un meccano pour présenter quelques règles de géométrie. Durant toute ma carrière d’instituteur je me suis appuyé sur la pédagogie moderne tout en cultivant la mémoire des élèves ( récitations, chants, tables de multiplication, règles de grammaire).

Il n’y a pas entre cette militante et moi même des divergences insurmontables, tous les deux par ailleurs dénonçons le saccage de l’école publique et l’appauvrissement des contenus.

Au delà de ce débat quelque peu faussé entre les « anciens » et les « modernes » il existe entre les deux camps des points d’accord sur la nécessité de permettre à chaque enfant de ne pas perdre pied dès la pré-adolescence: « …. la première chose que doivent faire les enseignants de collège, aujourd’hui et demain, c’est de reprendre en sixième( et encore en cinquième, et parfois encore plus tard-et sans doute en seconde), en trois ou quatre mois, le programme du… primaire »

L’auteur, laïque convaincu, défenseur de la loi du 15 mars 2004 nous propose des axes de transformation replaçant l’école publique au centre de sa mission.
Ce livre, très bien écrit et construit nous offre une contribution qui ne laisse indifférent aucun lecteur.

Jean-François CHALOT

« Fin de récré. Pour une refondation de l’école »
de Jean-Paul Brighelli, éditions Jean-Claude Gawsewitch, 320 pages, 19,90€, mars 2008