Ecole libres, écoles justes ?

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Dans un communiqué de presse, le mouvement « ELEVeS » (Ecoles Libres Efficaces Vivantes et Solidaires) demande une nouvelle fois à Mme Arena de supprimer son « décret inscriptions ». Cette asbl qui réclame un débat « sans lunettes idéologiques » sur l’enseignement, refuse « toute initiative visant à confisquer les inscriptions par quelque autorité supérieure ou par tout processus déshumanisé comme un fichier centralisé, le tirage au sort, l’inscription par internet, le call center… ». Dans le même communiqué, cette asbl indique que « comme le montre une récente étude de l’APED, outre le problème d’un financement différencié, un souci majeur de notre enseignement est la pertinence de ses socles de compétences ».

Nous avons envoyé la réponse suivante aux responsables d’ELEVeS :

«Je vous remercie pour votre courrier et pour les encouragements relatifs à notre étude. J’ai pris connaissance avec beaucoup d’intérêt de votre communiqué de presse. Si je peux applaudir à certains des points que vous avancez, je me dois cependant de marquer mon désaccord le plus total avec les points (notamment 2 et 5) où vous refusez par avance toute disposition qui conduirait à amener un peu de réglementation dans l’affectation des élèves aux écoles. Il se fait que cette absence de réglementation, cet ultra-libéralisme scolaire qui n’existe nulle part ailleurs en Europe, sauf aux Pays Bas, est la cause principale de la ségrégation et de l’inégalité sociales qui caractérisent notre enseignement. Ce constat s’appuie sur les mêmes types d’analyses statistiques que celles utilisées dans notre récente étude sur les écarts entre Communautés. « Se poser les bonnes questions sans lunettes idéologiques » : voilà exactement ce que je vous appelle à faire. Rejetez ces lunettes idéologiques qui vous font croire que la liberté de choix des parents serait garante de qualité d’enseignement. Voyez la réalité des faits, largement avérée par d’innombrables études : le marché scolaire engendre l’inégalité et ne garantit pas la qualité.

Nico Hirtt»

1 COMMENT

  1. Les raisons des écarts.
    Il ressort de la conférence de presse que – selon 7sur7.be « Les écarts de performances mis en évidence dans la dernière enquête PISA de l’OCDE sont fortement liés à l’origine sociale des élèves, relève l’APED. Il n’en reste pas moins que ce facteur, lié à ceux de l’immigration, des pratiques d’orientation scolaire ou encore de la différence dans les efforts fournis par les élèves face aux tests, n’expliquent qu’un tiers de l’écart chiffré par PISA. »

    mais aussi que (toujours sur 7sur7.be)

    « Pour déterminer les causes pouvant expliquer les deux tiers restants, l’APED a comparé de manière statistique les « socles de compétences » francophones et les « eindtermen » flamands en mathématique, ainsi que le financement des pouvoirs publics. Deux facteurs dont l’impact sur les performances des élèves, concède-t-elle, n’est cependant pas mesurable. Ainsi, le nombre de concepts et de savoir-faire relevés s’élève à 334 en Flandre, pour 140 en Communauté française. Cela se traduit par des exigences plus élevées côté flamand mais aussi par des recommandations plus précises, plus explicites.

    En outre, la structure côté francophone pécherait par un manque de logique. « Les socles de compétences francophones peuvent donc être interprétés de manière minimaliste par les enseignants. Ils leur imposent un travail de relecture et de reconstruction qu’ils n’ont pas souvent le temps de faire, d’où un encouragement à abaisser les exigences » »

    EN conclusion (toujours sur 7sur7.be) :
    « Il s’agit à ses yeux d’une dérive du choix réalisé il y a une dizaine d’années par la Communauté française pour des compétences à acquérir de manière transversale, une approche selon lui dogmatique qui mène à une diminution de la structuration du savoir. L’APED réclame donc une révision des socles de compétences et des programmes en Communauté française, pour les rendre plus clairs, exigeants et stricts. »

    Selon cet article de fond faisant suite à la conférence, l’origine socio-économique ne conterait que pour un tiers de l’écart.

    Il est vrai que ce facteur joue immanquablement un role mais qu’il serait plutôt aggravant aux manquements du financement et de pertinence et profondeur des socles de compétences.
    Ces derniers sont même décriés par certains universitaires étant leur promoteurs au moment de la réforme.

    Le débat est productif mais notre société est une somme de spécificités et d’individulalités. Elle doit le rester sous peine de perdre son côté humain.

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