Le 2 février, est apparu le premier site de notation des enseignants par les élèves. Sur ce site, en quelques clics, un élève peut noter ses professeurs, comme bon lui semble, sans aucune garantie d’objectivité, ni de protections contre les dérives, et ce nominativement.
Plus grave, des « top5 » des meilleurs professeurs de l’établissement, et des « top 25 » des meilleurs collèges, lycées et autres facs apparaissent sur le site, ce qui ne peut qu’accentuer le phénomène de rivalité entre établissements… et collègues!
Un des cofondateurs du site, Stéphane Cola, candidat UMP aux municipales dans le VIIIème arrondissement de Paris, qui vient de se retirer de la campagne, assure que le site n’a rien de politique et que l’idée lui est venue sur les bancs de l’école. «Qui n’a jamais rêvé de noter un de ses profs ?» interroge-t-il. Lui croit dur comme fer à son projet : «Il faut faire confiance aux enfants, ils ne sont pas dupes. On ne prétend pas se substituer à la notation officielle, mais apporter un angle de vue complémentaire.»
On peut cependant légitimement se poser la question de la coïncidence de l’apparition d’un tel site juste au moment où le rapport Attali, soutenu par le gouvernement Sarkozy-Fillon préconise une évaluation accrue des enseignants, et pas seulement par les services d’inspection…
Noter les professeurs sur un site internet !
Ceci me rappelle un passage de l’excellent essai « Le divin marché. La révolution culturelle libérale », où l’auteur Dany-Robert Dufour en expose l’un des « dix commandements » : « Tu offenseras tout maître en position de t’éduquer ». Transgresser pour faire valoir ses intérêts propres, renverser les rôles, mépriser l’ordre des générations, autant de « techniques » de plus en plus couramment utilisées par nos élèves postmodernes!
PS : D.-R. Dufour est invité à la Foire du Livre. Cf. http://www.flb.be