Parce qu’une question comme celle du port de signes religieux à l’école, qui concerne la manière dont se conçoit l’enseignement bénéficiant de subsides publics, ne peut être laissée à la responsabilité exclusive des chefs d’établissements ;
parce que des questions telles que la place des convictions philosophiques au sein de l’école ou l’application des principes de mixité sociale et des sexes – notamment l’égalité en droits et en devoirs des hommes et des femmes – constituent des questions politiques essentielles qui doivent être tranchées par la puissance publique et le pouvoir politique, garants des valeurs fondatrices de notre société ;
parce que laisser les écoles décider souverainement en la matière, c’est contribuer au renforcement de la dualisation de l’enseignement au nom de la coexistence de projets éducatifs contrastés ;
parce que les établissements bénéficiant de subsides publics n’ont pas à s’organiser en fonction de prescrits, dogmes et autres interdits présentés à tort ou à raison comme religieux, sous peine de voir leur mission première gravement compromise ;
parce que nous voulons qu’à l’école au moins, les jeunes, garçons et filles, aient la possibilité d’expérimenter l’égalité et la mixité dans toute leur richesse émancipatrice ;
parce que l’enfant et l’adolescent sont des consciences en cours d’élaboration qu’il importe de protéger contre toute forme d’endoctrinement ;
parce que l’interdiction des signes ostensibles d’appartenance philosophique ou religieuse à l’école ne dénie en rien aux jeunes le droit à des convictions philosophiques, mais les invite à leur intériorisation et à leur dépassement en vue de s’ouvrir à l’universel de la connaissance ;
parce que nous constatons que de plus en plus de revendications religieuses ou présentées comme telles s’introduisent dans l’espace pédagogique : créationnisme, refus de la mixité, prescrits alimentaires, contestation des contenus mêmes de certains cours (biologie, éducation sexuelle, éducation physique, littérature, etc.) :
nous demandons aux responsables politiques et aux ministres compétents en matière d’enseignement
– de légiférer dans le sens de l’interdiction de tout signe ostensible d’appartenance philosophique ou religieuse dans le cadre scolaire, pour les élèves et a fortiori pour les enseignants, et ce dans tous les établissements scolaires bénéficiant de subsides publics ;
– de mettre tout en œuvre pour préserver l’école des tentatives d’immixtion du religieux dans les décisions concernant le contenu des enseignements et les critères d’organisation de la vie scolaire, partant du principe que la méthode scientifique et le libre examen doivent continuer à y prévaloir sur tout dogmatisme ou vérité révélée.