Le Ligueur de ce 22 août fait écho au test externe de lecture et de production d’écrits réalisé en février dernier dans toutes les écoles de tous les réseaux de la Communauté. Un état des lieux capital, tant la lecture et l’écriture sont les passages obligés pour tout apprentissage et toute acquisition des compétences indispensables dans la vie sociale.
Ce sont les 2ème et 5ème primaires, ainsi que les 2ème secondaires, qui ont passé les tests (en toute logique, progressivement plus longs, denses et complexes). Et c’est Dominique Lafontaine, docteur en Education et professeur à l’université de Liège, qui a analysé ces évaluations. Pour aboutir à des conclusions qui, malheureusement, confirment nos propres analyses.
Si, en 2ème primaire, les résultats sont globalement bons – 77% des élèves ont plus de 70% -(avec quand même déjà 11% d’enfants en difficulté et 4% en très grande difficulté), par la suite, les enfants ne progressent pas assez (doux euphémisme) et les différences s’accentuent. En 5ème primaire, 67% de réussite, mais 30% en relative difficulté, dont 15% en sérieuse difficulté. En 2ème secondaire, la réussite n’est plus que de 59% (seuls 29% des élèves ont plus de 70%), plus de 50% sont en difficulté relative, dont 30% en sérieuse difficulté ! En 2ème professionnelle, malgré un questionnaire spécifiquement adapté, le taux de réussite tombe à 48%, avec à peine 12% des élèves qui atteignent un score de 70%. 52% des jeunes de 2P sont en très sérieuse difficulté.
Dominique Lafontaine confirme le lien entre réussite et statut social et culturel des enfants : les enfants issus de familles précarisées sont surreprésentés dans le groupe d’élèves en grande difficulté. C’est déjà évident en primaire, c’est encore plus criant dans le secondaire.
En guise de solutions, elle avance deux ou trois suggestions : lier la lecture au plaisir et à l’intérêt que les enfants y prennent ; leur apprendre à avoir une démarche active de sens par rapport au texte ; poursuivre l’apprentissage de la lecture bien au-delà de la deuxième primaire avec des formes explicites de compréhension.
Certes, nous ne pouvons qu’abonder dans ce sens. Mais, puisque la corrélation est une fois de plus confirmée entre apprentissage et ségrégation sociale, nous rappelons qu’aux yeux de l’APED, sans véritable mixité sociale ni tronc commun jusqu’à 16 ans, il n’y aura pas de progrès spectaculaire à attendre des prochains tests. (PhS)