En 2000 à Dakar (Sénégal), la communauté internationale s’est engagée à garantir une éducation primaire gratuite pour tous les enfants en 2015. L’UNESCO également soutient l’accès à l’éducation pour tous les enfants, tout en mettant l’accent sur l’égalité entre sexes masculin et féminin face aux opportunités éducatives, afin d’y assurer l’incorporation massive des jeunes filles.
Actuellement, à l’échelle mondiale, de grands efforts sont fournis afin de garantir l’égalité de chance, entre femmes et hommes, jeunes filles et garçons, dans toutes les sphères de la vie, notamment l’éducation. Toute contribution en ce sens devrait être la bienvenue. L’éducation et la promotion des jeunes filles sont des éléments considérables pour le développement de chaque nation. Cependant, généralement en Afrique et particulièrement au Mali, il existe certaines contraintes socioculturelles, mais aussi religieuses, qui freinent ce processus.
Malheureusement, dans la plupart des pays en voie de développement, malgré tous les efforts quant à leur scolarisation, les jeunes filles continuent à être «discriminées».
A travers le monde, il y a environ 100 millions d’enfants qui ne fréquentent pas l’école primaire, 55% sont du sexe féminin.
Cette situation est également reflétée dans la République du Mali, en Afrique de l’ouest.
Selon les statistiques, il y a quelques années, le taux d’analphabétisme était de 52% de la population, l’analphabétisme touchait 59% des femmes et 45% des hommes. Le taux d’assistance dans l’enseignement primaire était de 43% pour les filles et 50% pour les garçons. Dans l’enseignement secondaire, 17 % pour les filles et 28 % pour les garçons. Quant au supérieur, on notait seulement 1,99 % pour les filles et 15 % pour les garçons.
Quand nous nous référons à l’éducation au Mali, il apparaît donc une grande inégalité et une grande différence d’opportunités entre filles et garçons.
La réalité est que les parents sont plus préoccupés pour la scolarisation et la réussite des garçons que des filles. En effet, au Mali, les jeunes filles font face à deux problèmes majeurs: beaucoup ne sont pas scolarisées par les parents et, parmi celles qui commencent les études, très peu arrivent à décrocher un diplôme universitaire.
Grâce à l’intervention de l’Etat, mais aussi des O.N.G, l’inégalité des sexes face à l’éducation a un peu décru dans certaines régions du pays. Mais il faut noter que le phénomène continue toujours à frapper les filles à l’échelle nationale car toutes les régions ne sont pas couvertes par les-dits projets.
Après une sérieuse analyse et étude du problème, mais aussi à la lumière des interviews et de la bibliographie consultées, il m’a été possible d’identifier les principales causes de la non scolarisation des filles.
Travail domestique
Au lieu de les envoyer à l’école, la majorité des familles se préoccupe de préparer les filles à travailler à la maison et à aider les mamans à faire le ménage. Cette situation se constate partout dans le pays mais elle est plus accentuée dans le milieu rural. Là-bas, elles passent toute la journée au travail domestique ou à la recherche d’eau potable car, généralement, il existe un seul puits ou forage pour tout le village. Il est également très fréquent de voir les fillettes ou jeunes filles vendre des produits comme la mangue, l’orange, la banane, des oeufs ou autres.
Il est presque impossible pour ces familles de scolariser les filles en sachant que ces dernières portent sur leurs épaules une partie des revenus de la famille.
Madame Kadiatou Baye, Présidente de l’Association pour la Promotion des Droits de la Femme (APDF), a offert le témoignage suivant : ‘‘ C’est grâce à mes frères que j’ai été scolarisée car, à l’âge de fréquenter l’école, notre grand-père a voulu y envoyer tous les garçons de la famille et notre maman devait décider de me laisser à ses cotés ou partir à l’école. Bien sûr, elle a choisi la première option car elle voulait que je l’aide au foyer mais, heureusement pour moi, mes frères ont refusé d’aller à l’école sans moi… » Nous pouvons souligner que ce n’est pas toutes les filles qui sont chanceuses comme elle.
Pauvreté du pays et insuffisance d’infrastructures éducatives
Le budget dédié par le gouvernement à l’éducation est insuffisant, non seulement pour la construction d’écoles afin de satisfaire la demande des populations tant rurales qu’urbaines (bien que la situation se soit améliorée depuis l’avènement de la Troisième République 1992-2002), mais également pour le ravitaillement de toutes les écoles en matériel didactique, l’emploi et la formation continue d’enseignants afin d’assurer l’éducation d’une population croissante comme la nôtre.
Nous pouvons noter d’autres facteurs, comme la corruption et déviation de fonds dédiés à l’éducation, résultats de l’ambition et du manque de patriotisme des auteurs, mais aussi de la dépendance dudit ‘‘Premier monde » et de ses institutions financières.
Face à cette réalité, les zones urbaines sont privilégiées par la réalisation d’écoles publiques comme privées, pendant que dans les zones urbaines il y a insuffisance ou carrence totale de structures éducatives. Sans pouvoir compter sur une quelconque assistance matérielle ou alimentaire, les enfants issus de ces localités doivent marcher de longues distances pour avoir accès aux centres éducatifs.
Compte tenu des cas d’agressions, d’enlèvements ou de viols, les parents préfèrent envoyer les garçons que les filles (pour leur propre sécurité) dans ces écoles lointaines.
Des familles incapables d’assurer le matériel didactique pour tous leurs enfants
La pauvreté qui règne dans les familles est un facteur déterminant dans la scolarisation des filles, pour la simple raison que les parents luttent d’abord pour maintenir la nourriture quotidienne de leur progéniture. Par conséquent, ne pouvant pas assurer l’achat de livres, cahiers, crayons…pour tous les enfants, les parents assurent en priorité les études des garçons. L’autre réalité est qu’une telle situation financière cruciale limite l’accès des enfants à l’éducation mais également aux soins de santé et autres.
Discrimination culturelle
Le principe d’égalité reconnaît que tous les êtres humains sont égaux en droits sans distinction de sexe, de culture, de race, de niveau d’éducation ou de condition sociale.
L’inégalité entre les sexes est très accentuée dans les sociétés où la place traditionnelle de la femme est le foyer et la cuisine et où les filles sont discriminées dès le bas âge. C’est souvent fréquent que cette inégalité prenne des formes ‘‘cruelles » envers les filles. Faute d’instruction ou d’alphabetisation, les populations ne se rendent pas compte que, dans ce cas bien précis, les coutumes et traditions matérialisent la discrimation des sexes. Mais, grâce à l’action conjuguée de l’Etat et de la volonté de la société civile, cette réalité peut changer.
Au Mali, à travers la réforme éducationnelle de 1962, les autorités politiques ont aboli toutes les lois discriminatoires autour de l’éducation. La Constitution malienne reconnaît, dans son article 18, le droit à l’éducation pour tous les citoyens, sans une quelconque distinction de genre. La même disposition apparaît dans les textes sur la réforme et réorganisation de l’éducation, loi 97-010 approuvée le 24 mars 1990.
Cependant, il est important de mentionner que tout le monde ne considère pas nécessaire l’éducation des filles, beaucoup pensant que le destin d’une fille est de devenir une bonne femme pour son époux et une bonne mère pour ses enfants.
La société malienne est très souvent basée sur des croyances socioculturelles qui ne favorisent pas l’évolution intellectuelle des jeunes filles. Nombreux sont les parents qui pensent que l’école est un facteur de déstabilisation de la fille, par le contact de celles-ci avec les garçons, se justifient-ils.
Il serait intéressant de savoir qu’il y a urgence d’harmoniser nos riches traditions et coutumes africaines afin que toute la société prenne conscience de l’importance de l’éducation des filles et que ces traditions ne soient plus une barrière pour ce processus.
L’impact des croyances religieuses
L’Afrique compte environ 800 millions d’habitants, soit 316 millions de musulmans, 256 millions de chrétiens et plus ou moins de 200 millions de personnes suivant les religions traditionnelles.
Au Mali, l’Islam est la religion de 90% de la population, 9% conservant les croyances traditionelles et 1% suivant la religion chrétienne.
Généralement, la population chrétienne privilégie l’éducation de tous les enfants sans laisser de côté les filles, tenant compte de la quantité de femmes (52% de la population), de leur rôle socio-économique et de leur impact positif sur la vie des foyers.
Dans la communauté musulmane, il y a toujours des discussions et controverses. Beaucoup de fanatiques, qui ne voient pas l’utilité de l’éducation des filles, disent : ‘‘Le destin de la petite fille est de se marier à l’homme choisi par son père, l’école des blancs représente une barrière à cet accomplissement… »
Responsabilités des enseignants, des responsables politiques locaux et internationaux
A part tous les facteurs expliqués au long de cet article, nous pouvons ajouter que les programmes scolaires et le matériel didactique ont longtemps été discriminatoires parce qu’ils montrent la conception traditionnelle de la place de la fille et de la femme : responsable du travail domestique et des enfants.
En même temps, l’attitude passive des professeurs et des responsables de l’éducation nationale n’apporte rien au changement de la mentalité et du comportement de la population envers ce problème.
Des organismes internationaux, comme la Banque Mondiale et US-AID, ont, dans le temps, montré que le Mali n’a pas de plan réel et ambitieux quant à l’éducation des filles, .
Il est également pertinent de signaler que le peuple malien aspire à une école réformée, loin de la manipulation des pays développés et de leurs institutions financières, dont les politiques n’aboutissent qu’à la privatisation et à l’exclusion.
Autre problème : la désertion scolaire
La désertion scolaire est un deuxième aspect de la discrimination dans l’éducation des filles. Une grande partie des filles interrompent leurss études sans obtenir de diplômes pouvant leur servir dans le futur. Entre autres, elles abandonnent les études pour les raisons suivantes : un mariage précoce, le manque de temps, l’exode rural et surtout le manque d’éducation sexuelle.
L’impact du mariage précoce sur la continuité des études
Les mariages précoces, qui généralement ont pour objectif d’aider la famille de la jeune fille ou d’assurer le ‘‘futur » de cette dernière, représentent une sérieuse difficulté pour la continuité de ses études.
Au Mali, la jeune fille passe de l’autorité des parents à celle de son mari. Dans certains cas, cette transition intervient à l’âge de 15 ans et même souvent moins que cela. Par conséquent leurs études sont interrompues à la faveur d’une soit-disant grande responsabilité : prendre soin de l’époux et du foyer.
Une fille de 18 ans s’exprimait :¨L’éducation est un rêve impossible pour nous. Dans mon village, il n’y a jamais eu de femme ou de fille diplômée….¨ Et un père de famille disait :¨Une fille n’a réellement pas besoin de fréquenter l’école car, d’un jour à l’autre, elle est appelée à se marier et malheureusement tout le fruit de son éducation revient à une autre famille…¨
Le manque de temps
Dès le début, nous avons vu que les petites filles passent presque toute la journée dans les travaux ménagers. Celles qui ont la chance de fréquenter l’école sont tenues aux mêmes travaux à leur retour de classe, ce qui ne leur permet pas de se concentrer suffisamment sur l’étude, les devoirs et autres examens scolaires. C’est alors sous prétexte de les préparer à leur avenir que les jeunes filles maliennes sont soumises à ces travaux ménagers.
Cette situation affecte énormément le bon déroulement de leurs études durant l’année scolaire. Ce n’est pas seulement le manque de temps qui explique les mauvais résultats scolaires, mais aussi l’abscence de motivation. Le tout aboutissant à l’abandon des études.
L’exode rural
Au Mali, la caractéristique commune du milieu rural est la possession de champs de surface insuffisante pour alimenter les grandes familles. Pour différentes raisons, de plus en plus de jeunes sont attirés par le milieu urbain. En ce qui concerne les jeunes filles, presque toutes doivent aller travailler comme servantes afin de préparer leur future vie de femme mariée en achetant des habits, des chaussures et des articles de cuisine. Par conséquent, il est très fréquent de voir une petite fille de 12 ou 16 ans employée comme servante! Chez les employeurs, elles sont appelées à cuisiner, à nettoyer, à prendre soin des enfants, à faire du petit commerce… La majorité d’entre elles est exploitée parce qu’elles sont très jeunes, donc faciles à manipuler, méconnaissent leurs droits et surtout craignent de rendre public les abus de leurs employeurs. Elles travaillent plus de 15 heures par jour, sont souvent battues, exploitées, mal nourries et mal payées, leurs conditions de vie nous rappelant le temps de l’esclavage!
La nécessité de trouver une solution à leur problème social ne leur permet pas de jouir d’une joyeuse adolescence: elle abandonnent les bancs et n’ont pas de temps pour jouer ou se reposer.
Cette situation, contraire à plusieurs conventions internationales ratifiées par le Mali, est une triste réalité chez nous. C’est notamment une violation de la Convention internationale sur le Droit des Enfants adoptée par l’ONU en 1989 et ratifiée par le gouvernement malien.
Peu de connaissance en éducation sexuelle
Parler de sexualité est presque interdit au Mali. Les parents n’expliquent jamais à leurs filles la problématique de la sexualité, les changements au niveau de adolescence ou les facteurs de risques liés à l’activite sexuelle… La même chose se passe dans les écoles car le sexe est un sujet tabou.
Le peu ou le manque de connaissance sur les risques de l’accouchement fait que seulement 30% des femmes et des jeunes filles accouchent dans les centres de santé. Il y a aussi un nombre important de grossesses non desirées, d’infections et aussi d’avortements (l’avortement étant interdit au Mali, il se fait dans des conditions déplorables et a, la plupart du temps, des conséquences lamentables).
Faute d’éducation sexuelle à la maison ou à l’école, l’information circule entre les filles elles-mêmes, mais souvent cette information est inexacte, ce qui ajoute encore au drame.
Et voilà tous les facteurs qui expliquent le faible taux de scolarisation mais aussi le grand pourcentage de désertion scolaire chez les jeunes filles au Mali. Avec, pour conséquence, la dimunition de la participation féminine au développement socio-économique et politique de la nation. Une prise de conscience générale est nécessaire afin de promoivoir le droit fondamental des jeunes filles à l’éducation.
> La scolarisation des jeunes filles au Mali
Je voudrais attirer l’attention des lecteurs de cet article sur la presence de certaines erreurs par manque d’attention… Le vrai propos de la fille de 18 ans etait < l'education est un reve impossible pour nous...>
Toutes mes excuses.
Oumar Diallo
> La scolarisation des jeunes filles au Mali
La correction est faite. Merci pour votre article.
> La scolarisation des jeunes filles au Mali
Je voudrais attirer l’attention des lecteurs de cet article sur la presence de certaines erreurs ou fautes par manque d’attention, l’erreur est humaine. Le vrai propos de la fille de 18 ans etait < l'education est un reve impossible pour nous...>
Toutes mes excuses.
Oumar Diallo
La scolarisation des jeunes filles au Mali
l’article est pertinent mais pouvez vous solutionner ce probleme dans le monde, avez vous des solutions concrète pour le monde entier . merci de me répondre . une collégienne ayant pour sujet de rédaction la scolarisation des jeunes filles dans le monde .
La scolarisation des jeunes filles au Mali
Chère collegienne,
Quant a l’echel il serait difficil de donner une solution concrete. Alors il est conseille d’etudier le cas specifique de chaque region geographique ou de chaque pays, ainsi on pourrait degager de possibles solutions adaptees a la realite socio-culturelle, historique…de chaque lieu.
Pour le cas de mon pays,le Mali, j’ai biensur des propositions pour resoudre ce probleme.
J’espere que tu trouveras satisfaction a ma reponse.
Bon courage,
Oumar Diallo.
La scolarisation des jeunes filles au Mali
Je suis une etudiante en preparation d’un memoire sur l’education des filles au Mali. Je trouve votre article tres interessant et m’a beaucoup aider dans mes recherches.
Felicitations et surtout du courage.