Le syndicat enseignant Egitim Sen risque d’être interdit en Turquie parce qu’il défend, dans ses statuts, le droit pour les jeunes Turcs de bénéficier d’un enseignement dans leur langue nationale (par exemple le Kurde).Voici (en anglais) le communiqué diffusé à ce sujet par le Parti du Travail de Turquie (s’il y a des bénévoles pour la traduction vers le français, qu’ils se fassent connaître).
The Teachers’ Union (Egitim Sen), affiliated to the Confederation of Public Sector Unions (KESK) and established in 1995 is confronted with the challenge of being closed down by the decision taken by the Supreme Court. Egitim Sen, with its 200.000 members, is the largest union in Turkey. The lawsuit against Egitim Sen aiming to close down the union is due to the fact that Egitim Sen has been defending for all individuals the right to education in their mother tongue as well as the right to develop their cultures in accordance with their basic human rights and freedoms.
This development is very meaningful especially while the Turkish government has been propagandising the so-called democratisation process to achieve Turkey’s accession to the European Union. It is a well-known fact that Turkey is a multilingual and multicultural country and the prime responsibility of a government is not to create difficulties for the unions defending the secular, scientific, democratic education demands of its citizens but to protect the fundamental human rights of their citizens, to respect international law and to remove the obstacles on the road to democratisation.
Egitim Sen defends the right to education in the mother tongue owing to the fact that it believes it is a basic human right. The union believes that this right is one of the basic principles of a democratic and scientific education. It is also important to note that this challenge seems to be politically motivated rather than due to legal regulations. Since the day it has been established, Egitim Sen has always been sensitive about the anti-democratic treatments across the country and has opposed all attempts aiming at commercializing education and oppressing democratic education initiatives.
Here, you will find a summary of the court case procedures that have taken place until now:
– 10th June 2004: Egitim Sen was sued by the Attorney General of Ankara, as it was accused of breaching the Turkish Constitution because of an article in its Statutes that supports the right to education in the mother tongue (whereas the Turkish Constitution states that education should be provided in the official language).
– 15th September 2004: the Ankara Second Labour Court ruled in favor of EI affiliate, Egitim Sen, acquitting the Teachers’ Union of all charges. However, the Attorney General of Ankara asked for a revocation of the case and it was brought before the Supreme Court.
– In November 2004, the Supreme Court rejected the ruling of the Ankara Second Labour Court and the case went back to the Ankara Second Labour Court for a second ruling.
– 21st February 2005: the Ankara Second Labour Court confirmed its first ruling. The Attorney General of Ankara decided to bring the case before the Supreme Court for a final ruling.
– 25th May 2005: The Supreme Court hearing in Ankara in order to finalise the decision concerning the Egitim Sen Court Case was held and the Court decided to invoke the decision made by the local labor court which was in favor of Egitim Sen. That is to say, the Supreme Court decision can be seen as a signal of closing down the union and of banning its activities. The Supreme Court has not issued its decision in a written version document and it is supposed to be issued in the forthcoming days. For the time being, it is possible to say that according to the Supreme Court, the regulation of Egitim Sen is in breach of the Turkish Constitution Article 42 which states that “No one shall be deprived of the right of learning and education” but restricts that right by continuing with the following statement of; “No language other than Turkish shall be taught as a mother tongue to Turkish citizens at any institutions of training or education”. The Supreme Court is the highest level of the Turkish judicial system and there is no possibility for any further appeal.
– 27th May, 2005: Secretary Generals of both the Education International and ICFTU sent a letter to Mr. Juan Somavia, Director General of ILO and requested urgent ILO intervention by stating that the decision made by the Supreme Court stands in breach of ILO Conventions 87 and 98, which Turkey had already ratified.
– 3rd June, 2005: Egitim Sen made its application to the European Human Rights Court with the urgent precautionary action request.
– Please note that Egitim Sen was prosecuted for the same reasons in 1998 and 2002 and on both occasions the union was found not guilty.
Egitim Sen requests from all partners solidarity. Please send your protest letters to the President of Turkey, Prime Minister and to the Ministry of Justice. Here you will find the fax numbers:
President of Turkey Mr. Ahmet Necdet Sezer: +90 312 4271330
Prime Minister of Turkey Mr. Recep Tayyip Erdogan: +90 312 4170476
Minister of Justice Mr. Cemil Cicek: +90 312 4177113
> Interdiction d’un syndicat enseignant en Turquie
Proposition de traduction libre
Le syndicat des enseignants (Egitim Sen), affilié à la Confédération des syndicats du secteur publique (KESK) et fondé en 1995 est confronté au risque d’être interdit suite à une décision de la Cour Suprême. Egitim Sen, avec ses 200.000 membres, est le plus grand syndicat de Turquie. Les poursuites contre Egitim Sen destinées à lui faire cesser ses activités sont dues au fait que ce syndicat défend le droit de tout individu à une éducation dans sa langue maternelle et le droit de développer sa culture conformément aux droit et libertés fondamentales.
Ce développement est très significatif, particulièrement au moment où le gouvernement turc souligne ce qu’il appelle le processus de démocratisation destiné à obtenir l’accès à l’Union Européenne. Le fait que la Turquie est un pays multilingue et multiculturel est bien connu. La première responsabilité d’un gouvernement n’est pas de créer des difficultés aux syndicats qui défendent la demande par les citoyens d’une éducation laïque, scientifique et démocratique. Il doit au contraire protéger les droits fondamentaux de ses citoyens, respecter les lois internationales et lever les obstacles sur la route de la démocratisation.
Egitim Sen défend le droit à l’éducation dans la langue maternelle parce qu’il croit aux fondements des droits de l’homme. Le syndicat estime que ce droit est un des principes de base d’une éducation démocratique et scientifique. Il convient de noter que cette confrontation semble motivée politiquement plutôt que due à des règles légales. Depuis sa fondation Egitim Sen a toujours été sensible aux traitements antidémocratiques dans tout le pays et s’est opposé aux tentatives visant la « marchandisation » de l’éducation ou l’oppression des initiatives d’éducation démocratique.
Voici un résumé des procédures judiciaires à ce jour :
· 10 juin 2004 : Egitim Sen a été poursuivi par le Procureur Général d’Ankara sous l’accusation d’infraction à la constitution turque du fait qu’un article de ses statuts supporte le droit à l’éducation dans la langue maternelle (alors que la constitution indique que l’éducation devrait être donnée dans la langue officielle).
· 15 septembre 2004 : la deuxième Cour du Travail d’Ankara statue en faveur d’un affilié d’Egitim Sen, acquittant le Syndicat des enseignants de toute charge. Cependant le Procureur Général d’Ankara a fait appel du jugement auprès de la Cour Suprême.
· En novembre 2004, la Cour Suprême a cassé le jugement de la deuxième Cour du Travail d’Ankara et la cause retourna devant la deuxième Cour du Travail d’Ankara pour un deuxième jugement.
· 21 février 2005 : la deuxième Cour du Travail d’Ankara a confirmé son premier jugement. Le Procureur Général d’Ankara a décidé de porter à nouveau la cause devant la Cour Suprême pour un jugement définitif.
· 25 mai 2005 : La Cour Suprême s’est réunie à Ankara pour statuer sur le cas de Egitim Sen et a décidé d’invalider (1) la décision prise par la cour locale du travail, qui était favorable à Egitim Sen. Cela signifie que la décision de la Cour Suprême peut être considérée comme un signal de fermeture du syndicat et une interdiction de ses activités. La Cour Suprême n’a pas produit de document écrit de sa décision et il est prévu qu’il soit édité dans les prochains jours. A ce stade on peut dire que selon la Cour Suprême, le règlement de Egitim Sen contrevient à l’article 42 de la constitution turque qui stipule que « Personne ne sera privé du droit à l’instruction et à l’éducation » mais qui restreint ce droit dans la phrase suivante « Aucune autre langue que le Turc ne sera enseignée à des citoyens Turcs comme langue maternelle dans n’importe quelle institution de formation ou d’éducation ». La Cour suprême est le plus haut niveau du système judiciaire turc et il n’existe aucune possibilité d’appel ultérieur.
· 27 mai 2005 : Les secrétaires généraux de « Education International » et de l’ ICFTU ont tous deux envoyé une lettre à Mr. Juan Somavia, Directeur Général de l’ILO (2) et demandé une intervention urgente de l’ILO stipulant que la décision prise par la Cour Suprême est contraire aux conventions ILO 87 et 98 que la Turquie a ratifiées.
· 3 juin 2005 : Egitim Sen a ouvert une action urgente en référé à titre conservatoire auprès de la Cour européenne des Droits de l’Homme.
· Il convient de noter que Egitim Sen a été poursuivi pour les même motifs en 1998 et 2002 et que dans les deux cas le syndicat a été jugé non coupable.
Egitim Sen demande la solidarité de tous les partenaires. Nous vous demandons donc d’envoyer vos lettres de protestation au Président de Turquie, au Premier Ministre et au Ministre de la Justice. Voici leurs numéros de FAX :
Président de Turquie : Mr Ahmet Necdet Sezer : +90 312 4271330
Premier Ministre de Turquie : Mr. Recep Tayyip Erdogan : +90 312 4170476
Minister de la Justice: Mr. Cemil Cicek : +90 312 4177113
Notes de traduction :
(1) Le texte anglais indique « to invoke » qui devrait être traduit « invoquer » ce qui est en contradiction avec la suite du contenu.
(2) Je n’ai pas trouvé la traduction des acronymes ICFTU et ILO
> Interdiction d’un syndicat enseignant en Turquie
Camarades, vous dites que ce communiqué diffusé par le Parti du Travail de Turquie: ça ce n’est pas vrai! C’est un communiqué du Parti Laburiste de Turquie (http://www.emep.org), le Parti du Travail de Turquie (http://www.ip.org.tr) n’a encore pas pris position.