Le 30 juin 1960 est la date mémorable de l’accession de la République Démocratique du Congo (RDC) à la souveraineté nationale et internationale, une date fêtée, non, sans raison, avec faste. Pour beaucoup de Congolais, c’était le début de l’ère de la liberté, de la prospérité et surtout de la dignité. Cependant, il fallait rapidement se rendre à l’évidence : la tâche qui attend le jeune Etat libre est plus que démesurée et ce, d’autant que ni la puissance coloniale ni la colonie elle-même ne s’étaient préparées, quelques années plus tôt, à ce sevrage que d’aucuns ont qualifié de prématuré !
La mission de la RDC s’annonçait donc difficile au regard des défis à relever et des ressources humaines disponibles. Oui, désormais il fallait compter sur soi-même, faire tourner tout l’appareil de l’administration et tous les autres secteurs de la vie nationale ; mais avec quelles ressources humaines? 20 universitaires, peu de diplômés de l’enseignement secondaire, très peu de techniciens… L’héritage colonial sur le plan scolaire était à la fois pauvre et déséquilibré : d’une part un enseignement primaire des plus étendus et, d’autre part, un enseignement secondaire et universitaire des moins développés de l’Afrique.
Ce système éducatif qui répondait merveilleusement bien aux objectifs de la colonisation ne devrait logiquement pas faire face aux défis majeurs de l’indépendance. En effet, s’il était capable de pourvoir l’administration coloniale des auxiliaires nécessaires dont elle avait besoin, un tel système ne pouvait doter le pays de cadres de conception dorénavant indispensables pour le décollage de son développement. C’est pourquoi, l’un des premiers préalables à réaliser pour le développement économique et social du pays va être inexorablement l’expansion de son système éducatif.
La Conférence d’Addis-Abeba (1961) réunissant sous l’égide de l’Unesco les ministres d’éducation des pays africains, va constituer une précieuse opportunité pour la planification du système éducatif de la RDC. Elle a non seulement prévu, à court terme, un accroissement annuel de 5% de taux de scolarisation des enfants ayant l’âge de la scolarité obligatoire, mais elle a aussi assigné aux systèmes éducatifs africains des objectifs, à long terme, à la fois ambitieux et nobles : « rendre effectifs dans les vingt ans à venir la généralisation de l’enseignement primaire, le déploiement proportionnel de l’enseignement secondaire général, technique et normal afin de donner une impulsion décisive à l’enseignement supérieur » (Ekwa, 2004, p. 35).
A différentes périodes de son histoire, la RDC va renouveler son engagement en faveur de ces objectifs. Déjà en 1967, le Manifeste de la N’Sele, le catéchisme du parti unique de la République mobutienne, affirmait qu’aucun jeune zaïrois ne doit pâtir de l’insuffisance des moyens d’enseignement. Un effort essentiel doit être fait pour que tous les jeunes du pays obtiennent les mêmes espérances devant la vie (Comité central du MPR, 1984). De même, la loi-cadre de l’enseignement, promulguée en 1986, stipule en son article 9 que « l’Etat a l’obligation d’assurer la scolarisation des enfants au niveau de l’enseignement primaire et de veiller à ce que tout zaïrois adulte sache lire, écrire et calculer ». Dans la dynamique du mouvement mondial de l’Education Pour Tous, préconisée par la communauté internationale au début de la dernière décennie du 20ème siècle, cette disposition a également été reprise dans le projet de constitution de la troisième République élaboré par la Conférence Nationale Souveraine en ces termes : « Tout congolais a droit à l’éducation. »
Malheureusement, contrairement à ce que prône le discours politique, les faits indiquent aujourd’hui que nombreux sont les exclus de l’école congolaise. Qui sont-ils ? Quelle est leur ampleur ? Quels sont les facteurs de leur exclusion ? Que faire pour que l’école congolaise donne à chacun sa chance d’épanouissement ?
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