Nos amis d’Attac et de RAP (résister à l’agression publicitaire) sont à l’initiative du manifeste ci-dessous. L’Aped le soutient également.
Nous, organisations, élus, citoyens, observons avec inquiétude l’intrusion croissante
des intérêts privés et marchands dans l’enseignement public, laquelle met à mal le
principe constitutionnel de neutralité scolaire.
Plusieurs circulaires confirment le principe de neutralité de l’école. « En aucun cas
et en aucune manière les maîtres et les élèves ne doivent servir directement ou
indirectement à aucune publicité commerciale » (circulaires du 19 novembre 1936, du
16 avril 1952, du 17 décembre 1956, du 8 novembre 1963 et du 3 juillet 1967).
Malgré cela, la publicité et les pratiques commerciales envahissent le système
éducatif.
En 2000, Jack Lang, alors ministre de l’Éducation nationale, alerté par l’association
ATTAC de l’existence dans les collèges et lycées du jeu boursier, « les Masters de
l’économie », organisé par le groupe bancaire CIC dans ces établissements, écrivait
avoir été « surpris de découvrir l’importance des actions publicitaires en classe,
souvent auprès des élèves du primaire » et déclarait : « Cet état de fait n’est pas
acceptable et découle souvent d’une mauvaise information des parents et des
enseignants sur la réglementation en vigueur. »
Sous couvert d’empêcher ces pratiques, il publie au Bulletin officiel du ministère de
l’Éducation nationale et du ministère de la Recherche n° 14 du 5 avril 2001 un « code
de bonne conduite des interventions des entreprises en milieu scolaire » (circulaire
n° 2001-053 du 28 mars 2001).
Or, malgré un rappel du principe de neutralité de l’école, ce texte donne aux
établissements scolaires la possibilité de conclure des partenariats, officialise la
présence de logos sur les mallettes pédagogiques et tolère la publicité sur les
outils informatiques. Il remplace en outre la notion de neutralité scolaire par celle
de neutralité commerciale, précaution révélatrice d’une volonté de marchandisation de
l’école.
Ce code vise en fait à légitimer et développer des pratiques publicitaires,
commerciales et idéologiques inacceptables.
C’est ainsi que, loin d’empêcher le jeu* qu’il était censé interdire, il le justifie.
En témoigne la réponse du 20 mars 2003 donnée par le ministère à un courrier lui
demandant des éclaircissements sur les partenariats conclus avec le CIC : « De telles
conventions s’inscrivent dans le cadre de la circulaire n° 2001-053 du 28 mars 2001
relative au code de bonne conduite des interventions des entreprises en milieu
scolaire, qui a fait l’objet d’une publication au Bulletin officiel du ministère de
l’Éducation nationale n° 14 du 5 avril 2001. »
À la suite des différentes atteintes au principe constitutionnel de la neutralité
scolaire, constatées tant dans les faits que dans les textes, nous persistons dans
notre volonté de défense d’une école laïque sur le plan idéologique et commercial.
Nous refusons :
Que les enfants servent de supports à une quelconque opération publicitaire.
Que l’école devienne le porte-parole des entreprises.
Nous demandons :
Le strict respect de la neutralité scolaire, telle qu’entendue dans la note de
service n° 99-118 du 9 août 1999 parue au BOEN du 2 septembre 1999 : « Afin de
garantir le principe de neutralité de l’école (…), il ne sera pas donné suite aux
sollicitations émanant du secteur privé, dont les visées ont généralement un
caractère publicitaire et commercial. »
Par conséquent, nous demandons l’annulation du « code de bonne conduite des
interventions
des entreprises en milieu scolaire ».
*Ce jeu a été déclaré illégal en juillet 2004 par le tribunal administratif de
Cergy-Pontoise qui répondait au recours déposé par un professeur de philosophie,
Gilbert Molinier, contre son organisation.
Signatures à adresser à
Christiane Levilly : 43 avenue de Paris, 78 000 Versailles ou
[->mailto:christiane.levilly@free.fr]
Premiers signataires :
Organisations : Action Consommation, Aped, ATTAC, Casseurs de pub, Chiche!, Le Publiphobe, R.A.P. (Résistance à l’agression publicitaire)
Personnalités : Paul Ariès (politologue), François Brune (essayiste, collaborateur du
« Monde diplomatique »et de « La Décroissance »), Yvan Gradis (correcteur, Président du
Publiphobe), Thomas Guéret (ingénieur spécialiste de l’efficacité énergétique,
Président de R.A.P.), Alice Hodgson (Widef et Alliance Paysans – Ecologistes –
Consommateurs), Christiane Levilly (R.A.P., ATTAC, Action Consommation).
> Manifeste contre l’intervention des entreprises en milieu scolaire
Bonjour,
Je ne suis pas enseignante et il m’est donc difficile d’analyser comme un enseignant.
En revanche, je vis dans un village où la pauvreté et les difficultés de vie sont présentes. Des enfants y subissent avec un grand angle les conséquences.
A l’école du village certains enfants sont en phase de marginalisation et ont un dégoût de l’école comme du reste du village d’ailleurs.
La violence est leur refuge.
Est-ce que le fait d’exposer les métiers comme le garagiste, le tapissier, le menuisier, l’infirmière et autres …..c’est faire rentrer l’entreprise à l’école ?
La dimension visuelle du monde du travail dans le village lui-même pourrait-elle contribuer à tisser des liens constructifs ?
Ces enfants ont besoin de s’exprimer par diverses expressions qui sont les leurs et qui pourraient les sortir de cette violence.
Pratiquant un peu d’écoute et quelques formes de spectacles scéniques avec certains, je me rends compte qu’ils aiment bien se produire et partager certaines convivialités avec les adultes.
Personnellement je trouve que l’école est fondée sur des principes beaucoup trop autoritaires et ciblés sur le résultat.
Est-il possible d’avoir des avis d’enseignant ?
cordialement
> Manifeste contre l’intervention des entreprises en milieu scolaire
La question à se poser est à mon avis la suivante:
Où est l’intêret pour une entreprise d’intervenir dans une école?
Atteindre une clientèle au ‘berceau’, atteindre indirectement les parents?
Par contre si ce sont des personnes qui viennent partager la passion de leur métier cela peut être très formateur pour les élèves.
Aux enseignants de veiller à ce que le cahier des charges de l’intervention soit bien défini et il faut prendre le risque.
Salutations
> Manifeste contre l’intervention des entreprises en milieu scolaire
Moi je crois qu’il faut arrêter avec les archétypes. Un patron n’est pas forcément méchant de même qu’une entreprise n’est pas forcément une pieuvre multinationale.
Si une entreprise, au même titre qu’un privé, a quelque chose à apporter en échange d’un « coup de pub » je ne vois pas pourquoi elle ne le ferait pas. Ce qu’il faut, c’est cadrer cette pratique afin qu’elle ne déborde pas et c’est chose faite avec ce texte « Code de bonne conduite des interventions des entreprises en milieu scolaire » qui me paraît, après lecture suffisament restrictif.
Attention à cette société qui refuse tout. Je suis communiste, j’ai certaines idées altermondialistes mais je crois que l’on doit vivre avec son temps. Et je trouve beaucoup plus intéressant ce type de publicité que les diarhées typographiques qu’on appelle « publi-communiqués » par exemple, et qui peuplent les magasines féminins en imitant les vrais articles…
Accepter c’est connaître, et connaître c’est ne plus être dupe. Jouons avec la société qu’on nous propose afin de la maîtriser. Tous les arts martiaux sont basés la dessus. A résister on ne fait que s’épuiser.