Réformes Lang, Allègre, Ferry … toujours le même diagnostic que « l’école va mal », « qu’il faut que cela change » ; toujours la même fascination pour une réforme qui viendrait d’ en haut , des cieux du pouvoir, des cabinets des ministres, des commissions d’experts. Mais si l’école est bien le miroir des questions portées par une société (et on a vu à quel point lors des grèves de printemps sur la question de la décentralisation), elle est aussi le lieu où se déposent, comme autant de strates, les multiples expériences de ceux qui en sont les acteurs. Alors pourquoi continuer à s’engager dans l’école en tant que professionnels tout en restant spectateurs des orientations qu’elle prendrait ? C’est à partir de ces questions qu’est né en juin 2003 un projet pour des Assises de l’Education Nationale.
Le gouvernement actuel a vu, au printemps dernier, se lever un mouvement sans précédent de contestation contre une réforme protéiforme, englobant le démantèlement de pans entiers de la fonction publique, le désengagement de l’Etat de nombre de ses missions, l’ouverture d’un marché de l’éducation, la remise en cause des acquis sociaux construits en France à partir du programme du Conseil National de la Résistance élaboré en 1944, et ses réalisations sous les IVème et Vème Républiques.
Ce double constat nous a conduit, avant que ne se réunissent pour un nouveau tour à huis clos des ministres et des experts, à proposer à tous ceux qui s’étaient mobilisés depuis plusieurs mois, de continuer à s’engager, sous d’autres formes : nous qui sommes des acteurs de l’école et du mouvement social, et quelles que soient nos appartenances politiques ou syndicales, avons décidé de prendre le temps d’une réflexion sur les missions de l’école. Depuis, « le débat national sur l’avenir de l’école » a été officiellement lancé par le premier ministre, le 15 septembre 2003. Une commission présidée par Claude Thélot et composée de cinquante personnes (« experts ») a été installée. Nos craintes initiales sur l’inconsistance du débat, le caractère factice des questions posées, l’objectif purement médiatique de l’opération se confirment toutes. Les premiers compte rendus de débats font état d’idées générales déjà surexploitées : l’autorité des professeurs, savoir lire et écrire, … La participation est absolument aléatoire, fonction des emplois du temps des uns et des autres. Les questions posent le cadre du débat à l’avance, et l’étouffent. Le débat est clos dès son ouverture. Claude Thélot a même fait savoir que le gouvernement ne tiendrait compte des résultats que dans la mesure où ils correspondent à ses attentes… Le gouvernement remplace la politique par un exercice de communication. Ce faisant, il jette le discrédit, un peu plus encore, sur l’exercice réel de la démocratie.
Dans ces quelques pages, nous souhaitons présenter les résultats des échanges menés durant les trois journées des Assises. Nous faisons part ici des propositions recueillies. Nous tenons aussi à préciser les limites de cette initiative : lancée au cœur du mouvement social pendant le mois de juin, elle n’a connu qu’une participation limitée, tant de la part des personnels éducatifs que des parents d’élèves (après avoir loué l’initiative, la FCPE, fédération de parents d’élèves, a fait marche arrière, redoutant une entreprise « confisquée par les enseignants » – sic !). Les soixante-dix participants ont apprécié la qualité des débats, mais ont dans l’ensemble regretté ce symptôme de la démobilisation et de la division.
Sommaire
– RAPPEL DES OBJECTIFS DES ASSISES 5
– LES THÈMES DE RÉFLEXION RETENUS 6
– CONFÉRENCE DE SAMUEL JOHSUA (26/09/2003) 7
– CONFÉRENCE DE NICO HIRTT (27/09/2003) 18
– COMPTES-RENDUS DES DIFFÉRENTS ATELIERS 28
– Les liaisons entre cycles 28
– Le collège unique 31
– Les Zones d’Education Prioritaires 32
– Les entreprises dans l’éducation 34
– La formation et l’évaluation des missions éducatives 36
– L’orientation et l’échec scolaire 37
– PROPOSITIONS 38
– ANNEXES 41
– Le projet de réforme des IUFM du 9 mars 2003 42
– La loi de décentralisation 43
– Compte-rendu du rapport du Conseil d’Etat du 18 mars 2003 48
– Plaquette « Vivre, c’est consommer », 49
– Le projet Ordina 13 (équipement en ordinateurs portables des collégiens des Bouches-du-Rhône) 52
– La construction des projets d’établissements, fondés sur le contrat (Exemple de – l’académie d’Aix-Marseille) 53
– Bibliographie 56