Lundi 6 décembre, un rassemblement a été organisé par l’UEJF (Union des Etudiants Juifs de France) suite à la motion adoptée par le conseil d’administration de Paris VI. Celle-ci demande la suspension d’un accord entre l’Union Européenne et Israël, qui a été voté par le Parlement européen le 10 avril 2002. Cet accord large, qui prévoyait la suppression des droits de douane, la participation d’Israël à des programmes de recherche universitaire financés par l’Union Européenne, comporte comme condition nécessaire le respect des Droits de l’Homme.
Des étudiants, inquiets de la désinformation en cours, se sont rassemblés, et ont été agressés par certains participants au rassemblement de l’UEJF, recevant œufs, canettes, menaces racistes en réponse à des slogans politiques.
A ce rassemblement, des éléments extrémistes connus des services de police, organisés, et armés affichaient ouvertement leur appartenance à des groupes d’extrême-droite sionistes comme la LDJ (Ligue de Défense Juive) et le Betar-Tagar. Ces groupes appelaient, dans leurs menaces, à la haine raciale. La LDJ est interdite en Israël, pourquoi est-il toléré qu’elle s’affiche tous drapeaux déployés devant une université parisienne ? Comment se fait-il que l’UEJF accepte leur présence au sein d’une telle manifestation ?
Militants et étudiants sortant de cours, ont été attaqués, au sein même de l’université de Jussieu, et poursuivis dans le quartier avoisinant la sortie du site de Jussieu, à coup de bombes lacrymogènes, poings américains, casques et barres de fer. Trois d’entre eux ont été emmenés à l’hôpital, dont un pour traumatisme crânien. Des plaintes judiciaires ont été déposées.
Plusieurs associations ont protesté en ces termes: Nous exigeons de l’UEJF qu’elle clarifie sa position par rapport à ces groupuscules ultraviolents.
Nous appelons tous les étudiants, enseignants et personnel universitaire à dénoncer ces violences organisées, répétées, qui ont pour unique objectif de créer un climat de terreur et de tuer toute expression libre.
Premiers signataires : CNT, ATTAC-Jussieu, JCR, Averroes, Collectif Agir contre la Guerre Jussieu, L’Etincelle/ Socialisme par en Bas, OSEA, Sud-Etudiants, étudiants et personnels universitaires non organisés.
Le texte de la motion votée par l’Universite de Paris VI et proposée à Paris VII
Le Comité Jussieu de Solidarité avec les Universités Palestiniennes (CJSUP) a édité récemment (novembre 2002) une brochure d’information dont l’un des objectifs était, sur la base des informations qu’elle présentait, de faire adopter un moratoire des relations universitaires avec les institutions académiques israéliennes par les conseils d’administration des universités Paris 6 et Paris 7, s’inscrivant dans le gel de l’accord d’association EU-Israël. En plus d’une pétition qui circule actuellement axée sur le non-renouvellement de l’accord d’association spécifiquement et urgemment au niveau du 6ème Programme cadre des activités de recherche et de développement technologique (6ème PCRDT), les élus syndicaux de Paris 6 ont proposé au dernier conseil d’administration (le 16 décembre 2002) une motion qui a été adoptée à la majorité des deux-tiers et qui est la suivante:
Motion votée par le Conseil d’Administration de l’université Paris 6, lundi 16 décembre 2002 par 22 voix pour, 4 voix contre, 6 abstentions et 1 refus de vote.
L’occupation israélienne des territoires de Cisjordanie et de Gaza rend impossible l’activité d’enseignement supérieur et de recherche de nos collègues palestiniens: le renouvellement de l’accord d’association Union Européenne – Israël, en particulier en matière de recherche (6ème PCRDT), constituerait un soutien à la politique actuelle de l’État israélien et serait en contradiction avec l’article 2 de cet accord (« les relations entre les parties, de même que toutes les dispositions du présent accord, se fondent sur le respect des droits de l’Homme et des principes démocratiques qui inspire leurs politiques internes et internationales et qui constitue un élément essentiel du présent accord »).
En conséquence, le conseil d’administration de l’Université Pierre et Marie Curie :
– se prononce pour le non-renouvellement de l’accord d’Association UE-Israël,
– demande à nos collègues enseignants chercheurs, exerçant dans les universités israéliennes, de prendre clairement et rapidement position sur la situation concrète faite aujourd’hui tant à nos collègues enseignants chercheurs des universités palestiniennes qu’à leurs étudiants et étudiantes et de mettre en œuvre tous les moyens dont ils disposent pour aider les uns à exercer leur métier et les autres à étudier,
– mandate le président de l’université pour nouer des contacts avec les autorités universitaires israéliennes et palestiniennes afin d’œuvrer dans le sens de la paix et pour qu’il soumette l’ensemble de ces questions à l’assemblée de la conférence des présidents d’universités.
Source: attac-bel@yahoogroupes.fr