Au moment où fusent les cris de victoire, l’Appel pour une école démocratique (Aped) tient à rappeler :
– qu’il n’y aura, contrairement à ce que tous affirment, aucun refinancement de l’enseignement, mais tout au plus un arrêt du définancement programmé par la communautarisation de 1989;
– qu’entre 1980 et 2000, les dépenses publiques belges pour l’enseignement ont chuté de plus de 7% du PIB à seulement 5%, ce qui représente une perte relative de près de 200 milliards;
– que durant ces mêmes années, les effectifs de l’enseignement (surtout supérieur) ont connu une forte croissance alors que d’énormes besoins nouveaux se sont fait jour, notamment en raison de la scolarisation des Çenfants de la crise économique ;
– que la liaison des dotations à l’évolution du PIB se réalisera maintenant au niveau le plus bas jamais atteint depuis les années 60, soit entre 4,6 et 4,8% du PIB, alors que la revendication de l’Aped, partagée par la majorité des organisations syndicales flamandes et francophones, est le retour aux 7% de 1980: c’est toute la différence entre refinancer et consolider l’austérité ;
– qu’il semble déjà acquis que le ballon d’oxygène ne servira nullement à financer les priorités (pour lesquelles il serait d’ailleurs largement insuffisant), à savoir: diminution des effectifs des classes et de la charge horaire des enseignants, surtout dans le fondamental; développement et financement de l’encadrement en dehors des périodes de cours; amélioration de la formation initiale et continuée des enseignants; mise à disposition de matériel didactique et d’outils pédagogiques de qualité (et pas seulement des ordinateurs);
– qu’au moment où elle fait l’objet de convoitises croissantes de la part des marchés, l’école publique ne sort assurément pas renforcée des tractations entre les partis francophones;
– que tous les partis francophones signataires des accords, ont voté ou finalement accepté la catastrophique communautarisation de l’enseignement; qu’ils ont tous voté ou finalement accepté la cure d’austérité des années 80 et 90;
– qu’à l’heure de la mondialisation, la Belgique avance un peu plus sur la voie de la séparation linguistique et régionale; ou comment diviser le peuple pour mieux régner sur l’économie: les enseignants francophones et flamands en font l’amère expérience depuis 1989.
L’Aped appelle donc les enseignants, parents, élèves et organisations syndicales du Nord et du Sud du pays à rejeter les cris de victoire et à reprendre la lutte pour un véritable refinancement de l’enseignement.