Devant l’euphorie déclenchée par la perspective de refinancement des Communautés qui découlerait de la Déclaration de politique fédérale du Premier Ministre, l’Appel Pour une Ecole Démocratique (APED) tient à faire la mise au point suivante.
1°) Aucune mesure n’est programmée en 2OO1 et pratiquement aucune en 2002. Les plus hauts responsables de la Communauté Française proclamaient pourtant il y a encore quelques jours qu’il était impossible d’attendre.
2°) On nous promet 40 milliards supplémentaires par rapport à la dotation actuelle en 2006. Cette somme nous est habilement présentée comme un » refinancement massif « . Elle est pourtant largement inférieure aux perspectives de croissance économique de ces prochaines années. Ce qui signifie en clair que les dépenses d’enseignement vont continuer à régresser par rapport à la richesse nationale pendant cette période. Parler de » refinancement » est donc tout à fait fallacieux. Refinancer l’enseignement signifie augmenter la part du PIB qui lui est consacré. Or, loin de le réaliser, les mesures actuelles programment la poursuite de la diminution de cette part. C’est donc bien de définancement qu’il faut parler ! Les effets, toujours plus désastreux avec le temps, de la » loi de financement » de 89 continueront de se faire sentir. Les mesures actuelles ne feront que les atténuer légèrement. Une atténuation qui prend ici le sens suivant : la situation sera pire dans cinq ans qu’aujourd’hui, mais elle aurait encore été pire sans les décisions annoncées le 17 octobre. Une telle perspective ne nous semble pas justifier l’euphorie dans laquelle on veut nous faire baigner.
Rappelons que si l’enseignement de ce pays était financé actuellement au même pourcentage du PIB qu’au début des années 80, ce seraient dès maintenant 180 milliards qui, chaque année, tomberaient dans l’escarcelle des Communautés rien que pour leur enseignement.
3°) Rappelons en effet que les Communautés n’ont pas que l’enseignement dans leurs compétences. La petite enfance, la culture, la RTBF ou la VRT ne vivent pas non plus dans le luxe. Les 40 milliards précités ne reviennent donc pas uniquement à l’enseignement contrairement à ce qui est parfois sous entendu.
4°) La liaison de la dotation à la croissance sera effective à partir de 2007. Qui peut prédire ce que sera la situation économique à cette époque ? Une crise ne risque-t-elle pas de refroidir l’ardeur des plus optimistes à l’instar de celle qui suivit l’euphorie de la fin des années 80 ? Un tel scénario parfaitement plausible selon certains économistes entraînerait alors le financement des Communautés vers le bas !
Pour toutes ces raisons, l’APED maintient sa revendication (soutenue par les responsables de plusieurs syndicats enseignants) des 7 % du PIB pour l’enseignement dès maintenant et avec impossibilité de régression en cas de récession. Ceci étant donnés les besoins gigantesques en matière de locaux, matériels et surtout d’encadrement créés par les 20 années d’austérité qui viennent de s’écouler.