Ce questionnement n’est pas de nous : c’est Béatrice Delvaux, éditorialiste en chef du Soir, qui se montre plus qu’agacée par le lot d’informations révélées ces derniers jours au sujet de l’incontournable société de consultance.
Nous apprenons en effet qu’entre 2014 et 2019, McKinsey a empoché pas moins de 20 millions d’euros pour les conseils qu’il a fournis aux dirigeants de Nethys. Les factures d’avant 2014 sont en cours d’analyse… Le bureau international de consultance formait un véritable cabinet-fantôme au sein de cette structure en voie de restructuration. Parmi les résultats de ses conseils, les ventes de Voo, Elicio et Win (depuis lors annulées par le gouvernement wallon). Celle de VOO retient toutes les attentions : ce fleuron aurait été bradé. On parle quand même d’une sous-évaluation de 150 millions d’euros…
Le rapport avec l’enseignement ?
Ce n’est un secret pour personne : McKinsey est intimement lié au Pacte d’excellence. Introduit dans la bergerie par l’ex-ministre Joëlle Milquet, le loup de l’efficience (lisez : faire toujours plus avec toujours moins) n’en est plus sorti. Il était omniprésent dans l’élaboration du Pacte. Ses méthodes de travail et ses grilles d’analyse constituent l’alpha et l’oméga du nouveau management de l’enseignement.
Nous n’avons jamais caché notre opposition à cette forme de marchandisation de l’Ecole. Parce que l’ADN ultralibéral de cette entreprise est connu de longue date. Et ce ne sont pas les dernières révélations qui nous feront changer d’avis.
Dans son édito du 25 janvier dernier, Béatrice Delvaux fustige par ailleurs la culture du secret obstinément défendue par McKinsey. Ces conseillers-là refusent toute apparition publique, tout contact avec la presse, toute explication. Tiens tiens, c’est un mode de fonctionnement qui avait déjà choqué bon nombre d’acteurs de l’enseignement dans l’élaboration du Pacte d’excellence.